L'Algérie a mobilisé en eaux de surface 4,2 milliards de mètres cubes en 1999 à 7,2 milliards de mètres cubes en 2010. L'Algérie est un des rares pays en développement qui, au regard des programmes quinquennaux 2005/2014 engagés par Son Excellence le Président Abdelaziz Bouteflika, a injecté un montant à hauteur de 1870 milliards de dinars algériens, soit l'équivalent de 25 milliards de dollars US. Ces sommes considérées à elles seules comme un Plan Marshall dans le secteur des ressources en eau, traduisent cette volonté politique de faire de l'eau une des priorités annoncées lors de la campagne électorale dont les objectifs atteints confirment la justesse d'une démarche rationnelle. L'Algérie a mobilisé en eaux de surface, selon le ministre Abdelmalek Sellal, 4,2 milliards de mètres cubes en 1999 à 7,2 milliards de mètres cubes en 2010. Le taux de raccordement en eau potable est passé de 78% à 93% alors que la fréquence de distribution, où le quotidien est passé de 45% à 70% dans les communes du pays. Il va sans dire que le ratio par habitant a atteint 600 mètres cubes par an comparé au seuil de rareté fixé par la Banque mondiale qui est de 1000 mètres cubes /an/habitant. Ceci se traduit en dotation en eau potable de 168 litres par jour et par habitant et ce, malgré l'irrégularité de la pluviométrie dans notre pays. Quant à l'hydraulique agricole, le ministre Sellal parle de 219.000 hectares en périmètres irrigués, ajoutés à cela 914.000 hectares en petite et moyenne hydraulique et plus de 407 unités en retenues collinaires. Il en sera de même pour l'utilisation de l'eau pour les besoins de l'industrie. Incontestablement, en plus de tous les barrages réalisés, qui offrent une sécurisation en matière d'approvisionnement en eau, et du dessalement d'eau de mer, la politique économique du Président sera marquée par la réalisation du mégaprojet In Salah-Tamanrasset d'un coût de trois milliards de dollars US. L'eau, source de vie Le Président Bouteflika l'a inauguré le 5 avril 2011. Ce pipe transportant l'eau sur une longueur de 750 km doit desservir environ 100.000 habitants dans la capitale du Ahaggar et ses environs à raison de 265 litres par jour et par habitant à partir de 1258 km de conduites. C'est un rêve qui vient d'être exaucé, surtout que la nappe albienne est estimée à 45.000 milliards de mètres cubes s'étendant sur une superficie de 750.000 km². N'est-ce pas le verset coranique qui dit: «Nous avons fait de l'eau, la source de toute vie.»? Selon les chiffres des Nations unies, un pays sur cinq connaîtra une grave pénurie d'eau dans les vingt-cinq années à venir. Le «stress hydrique» se produirait dans chaque pays. Rien qu'en Afrique, 300 millions de personnes, soit le tiers de la population du continent, vit en dessous du seuil de pénurie et ce chiffre pourrait atteindre plus d'un milliard en l'an 2025. Les enjeux géostratégiques de l'eau La question de l'eau devient un enjeu stratégique crucial dans certaines régions du monde. On observe déjà dans des pays comme la Jordanie, la Palestine, Israël, Chypre, Malte, la péninsule arabique, qu'ils sont arrivés au point où toutes les réserves en eau douce superficielle ou souterraine sont entièrement utilisées. L'eau est considérée comme une ressource fondamentale indispensable à la sauvegarde de la vie humaine et de la santé. Elle est une ressource économique dont dépend l'agriculture pour nourrir les populations. Selon la FAO, on estime à 230 millions le nombre de personnes vivant dans les pays classés actuellement parmi ceux qui manquent d'eau dont la plupart se trouvent en Afrique, au Moyen-Orient, dans l'Afrique méditerranéenne et subsaharienne. Il faut se rappeler que la réunion de Copenhague de novembre 1991 sur le développement et la gestion intégrée des ressources en eau et celle de Dublin en janvier 1992, ont eu à préparer le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro sur la protection des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques consignés dans l'Agenda 21. En recommandant à l'Unesco d'adopter un «droit fondamental» de 50 litres par jour et par personne, le spécialiste Peter Gleick préconise qu'on distribue ce volume de la manière suivante: cinq litres AEP, 20 litres pour le ménage, 15 litres pour la toilette et dix litres pour la cuisine, soit un total de 50 litres. Or, la plupart des hydrologues acceptent la mesure selon laquelle 1700 mètres cubes par an et par personne est la limite entre richesse et pauvreté en eau et d'ici 2025 selon les statistiques, pratiquement aucun pays du sud de la Méditerranée n'aura de ressources en eau de plus de 500 mètres cubes par an et par personne. Les pays du Maghreb sont appelés à mettre dans l'urgence une politique de rationalisation de l'eau pour protéger ses populations contre toutes pénuries si on relève déjà les quelque estimations de consommation au regard de l'évolution démographique et des besoins en eau potable et pour l'irrigation de l'agriculture et les besoins pour l'industrie. Quant aux pays du Proche-Orient, la bataille de l'eau revêt une importance vitale. Le Jourdain est au coeur du conflit israélo-arabe. La Turquie, la Syrie et l'Irak continuent d'aiguiser leurs hostilités sur le Tigre et l'Euphrate. Le Nil à la rencontre de l'Afrique et du Proche-Orient ravive les convoitises. Il y a vraiment une menace d'une crise mondiale de l'eau si on considère que neuf sur les quatorze pays du Moyen-Orient sont confrontés au problème de l'eau et que la Chine avec ces 22% de la population mondiale et seulement 6% d'eau douce, est déjà en sérieuse difficulté, que l'Inde et le Bangladesh se disputent sur les eaux du Gange. Selon les experts du Bureau de recherche géologique et minières (Brgm), mille mètres cubes d'eau par an et par habitant constitue un seuil au-dessous duquel un pays sera confronté à des pénuries. A 500 mètres cubes la situation sera critique et en dessous de 100 mètres cubes, il faut faire appel à des ressources non conventionnelles et donc très coûteuses comme le dessalement de l'eau de mer ou le traitement des eaux usées. L'arme hydraulique est brandie comme moyen de pression. La question de l'eau et son partage est déjà au centre des négociations entre Etats. Le déficit en eau dans le Monde arabe devrait se situer entre 160 et 260 milliards de mètres cubes d'ici l'an 2030 alors que les ressources en eau du Monde arabe oscillent entre 300 et 350 milliards de mètres cubes selon le Centre arabe des études en zones arides et désertiques (Feazed).Les guerres du XXIe siècle seront des batailles pour l'eau. Le climat gouverne le temps, la distribution contrôle la vie Quant à nous, même si le rapport du Cnes de novembre 1999 donne les estimations de 19 milliards de mètres cubes renouvelables annuellement, il n'en demeure pas moins que les ressources mobilisables sont estimées à 13,2 milliards de mètres cubes (6,5 milliards superficielles, 6,57 souterraines dont 5 milliards exploitables dans le Sahara), et nécessitent que notre pays arrête une stratégie pour une gestion rationnelle et durable de «l'or bleu». Car, si le climat gouverne le temps, c'est ce dernier qui dicte la distribution de l'eau et cette dernière contrôle la vie. C'est ce changement climatique qui nous prévient et pouvant altérer profondément les écosystèmes hydrologiques en affectant la distribution des eaux pluviales et modifier ainsi les nappes phréatiques, cause de la désertification dans certains endroits et des inondations dans d'autres régions. 1-Christian Chesnot: «La bataille de l'eau au Proche-Orient» -Editions l'Harmattan. 2-Marq de Villiers: «L'Eau» Editions Actes Sud 3-Dr Mahmoud Abouzid: «Al Ma Masdar At Tawatourat Fi Al Qarn 21» Centre de traduction Al Ahram 1994.