Une puissance de feu nucléaire dépassant les 450 kilotonnes, soit 40 fois plus forte que la bombe d'Hiroshima, a été déversée sur le sol de Reggane et In Iker. Une tache noire et quasiment indélébile dans l'histoire de la présence française sur le sol algérien. Rendue aveugle par son acharnement dans la voie de l'acquisition de l'arme nucléaire, la France, faisant du peuple algérien des cobayes ur ses essais nucléaires, a manifestement violé le droit international humanitaire. L'étendue des dégâts est immense. De nouvelles révélations sur le programme nucléaire français en Algérie ont été rapportées dans un document des archives militaires rendu public par l'Association des vétérans des essais nucléaires dans le monde. Ce document, datant du 6 février 1960 et signé par le général de division Ailleret, commandant le groupement opérationnel d'expérimentation nucléaire, laisse comprendre que les personnes qui n'ont pas été prévues dans des missions opérationnelles au site de tir de Reggane, n'ont pas été protégées contre le rayonnement et la lumière dégagés lors de l'explosion de la première bombe atomique française. Selon le document, les lunettes spéciales qui étaient destinées normalement à la protection des yeux n'ont pas été distribuées du fait de la non-diffusion de la note de service (photo du document ci-joint) relative à «la conduite à tenir le jour J». Autrement dit, les populations de la région, livrées à elles-mêmes sans qu'elles soient conscientes de l'extrême gravité de la situation, ont donc été largement exposées aux effets des radiations sans aucune protection atténuant ou empêchant la pénétration du rayonnement. Les expériences nucléaires réalisées au Sahara demeurent une tache noire et quasiment indélébile dans l'histoire de la présence française sur le sol algérien. Plusieurs maladies graves (leucémie, cécité...) sont apparues à la suite de ces essais tant atmosphériques que souterrains effectués à Reggan et à In-Iker. La France avait poursuivi ses tirs malgré le moratoire décidé en 1958 entre les Etats-Unis, l'URSS et la Grande-Bretagne, interdisant les essais nucléaires atmosphériques. Défiant donc ces derniers et ne respectant point ce délai, la France, inquiétée par le contexte géostratégique de cette période et voulant faire partie du club des puissances nucléaires, fait exploser dans l'atmosphère de Hamoudia à Reggane, le 13 février 1960, sa première bombe atomique au plutonium sous le nom de code Gerboise bleue. Ce fut le début de toute une série de 17 essais et d'explosions nucléaires qui allait s'étendre jusqu'en février 1966.