Les responsables du patronat ont abattu les cartes qu'ils comptent présenter. La prochaine tripartite gouvernement-patronat-Ugta, qui se tiendra le 28 du mois courant, se prépare fébrilement, du moins c'est ce qui est ressenti à travers les déclarations des divers participants, notamment ceux du patronat. Les différentes organisations patronales ont abattu leurs cartes en demandant, en un mot, une nouvelle politique économique en vue notamment de créer des «richesses», vecteur essentiel pour la relance de l'emploi et la reprise de l'activité économique. Certaines prises de position de quelques responsables qui comptent procéder à une évaluation des politiques économiques menées jusque-là fusent pour se prononcer sur toutes les mesures à prendre en vue de booster l'économie nationale et se mobilisent pour améliorer l'environnement des entreprises qui constituent de fait le moteur de l'économie nationale. Aussi, l'importante enveloppe financière destinée spécifiquement à revoir à la hausse les grilles de salaires, constitue-t-elle un point non négligeable dans ces discussions à venir. L'association des femmes algériennes chefs d'entreprise (Seve) considère que la tenue de la tripartite restreinte est «plus que d'actualité» pour examiner la mise en oeuvre de réformes de fond pour encourager l'investissement et accompagner le développement des entreprises. «Nous allons passer en revue les orientations économiques adoptées jusque-là et discuter des moyens d'arriver à réunir les conditions optimales pour libérer les initiatives à travers l'amélioration de l'environnement de l'entreprise», a déclaré la présidente de l'association, Mme Ouzerout Yasmina. Elle n'a pas omis de souligner la nécessité de mettre en place un cadre législatif «solide» qui inciterait les opérateurs étrangers à investir en Algérie et les entreprises nationales à améliorer leur compétitivité. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (Cnpa), Naït Abdelaziz Mohamed Saïd, a affirmé que son organisation est en train de «travailler sur un mémorandum qui sera soumis à la réunion tripartite restreinte». Il a en outre précisé que la Cnpa «suggérera l'allègement, voire la suppression du Credoc pour le secteur économique productif» et posera le problème de «la règle dite des 49/51 relative à l'investissement étranger». La question du crédit documentaire (Credoc), instauré par la LFC 2009 comme seul moyen de paiement des importations est une mesure mal acceptée par les opérateurs économiques publics et privés en raison des lourdeurs enregistrées dans les opérations d'importation. La Cnpa compte proposer d'autres solutions telles que «la remise documentaire» ou «le crédit fournisseur» comme modes de paiement alternatifs, sans pour autant, précise-t-il, remettre en cause l'instauration du Credoc. Louant de son côté l'«action profonde» que l'Etat compte engager en direction de l'entreprise nationale, publique et privée, pour appuyer son développement, le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (Cgea), Habib Yousfi, a indiqué que, lors du conclave prévu demain à Oran, la parole sera donnée à tous les opérateurs affiliés à la Cgea pour exprimer leurs propositions. Il a estimé, en outre, que la tripartite du 28 mai constitue «une occasion de faire une évaluation des politiques économiques et notamment des mesures de régulation contenues dans la LFC 2009». Invité pour la première fois à la tripartite, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) envisage, pour sa part, d'axer ses propositions sur la création de l'emploi et le développement du secteur privé dans les prochaines années, a confié Réda Hamiani. Pour lui, les entreprises doivent se prononcer «sur toutes les mesures susceptibles de relancer l'emploi». Appréciant positivement la capacité d'écoute et les orientations des pouvoirs publics, il a estimé que la tripartite sera une bonne occasion pour dévoiler «la différence entre les décisions prises par les autorités et leur application en termes d'exécution, de délais, de simplification et de ce qui est prévu initialement». Cette prochaine tripartite sera exclusivement consacrée aux voies et moyens de soutenir le développement de l'entreprise économique. Les conclusions de cette concertation et des chantiers dont elle pourrait convenir, seront mises en oeuvre au cours de cette année.