Les familles ayant compté sur ladite prime pour espérer acheter les trousseaux scolaires à leurs enfants ont dû recourir à d'autres sources financières. La distribution de l'allocation spéciale de scolarité décidée en août dernier par le Président de la République accuse un retard flagrant. Plus de deux mois après la rentrée scolaire, un grand nombre d'élèves, issus entre autres de milieux pauvres, n'ont pas encore perçu les 2000 DA destinés initialement «à aider les familles à faire face aux dépenses inhérentes à la rentrée des classes». Interrogé sur les raisons de ce retard, le chef d'un établissement scolaire à Bab El-Oued évoque «les lenteurs administratives», sachant que les listes fournies par les élèves doivent être obligatoirement validées par une commission de daïra installée pour la circonstance. Parmi les causes, l'on évoquera aussi la complexité de la procédure. «Nous procédons à une étude minutieuse des dossiers afin d'éviter les erreurs dans l'affectation de la prime», explique notre interlocuteur, qui s'est déclaré très surpris «de la facilité déconcertante avec laquelle les élèves peuvent se procurer le certificat de non-activité salariale». Les familles ayant compté sur ladite prime pour espérer acheter les trousseaux scolaires à leurs enfants ont dû recourir à d'autres sources financières. «Plusieurs élèves démunis se sont vu renvoyer des classes par leur professeur, parce qu'ils n'avaient pas les moyens d'acheter les livres et les articles scolaires», témoigne cette enseignante d'une école fondamentale de Bab El-Oued. Cet établissement ne constitue pas un cas isolé, plusieurs enseignants ont recours à ces pratiques discriminatoires, en tenant très peu compte de la situation sociale des élèves. Cela a amené des dizaines de familles à El-Tarf, par exemple, à organiser la semaine dernière un sit-in devant le siège de la daïra, et ce, pour exiger l'accélération de cette opération, qui traîne en dépit des instructions «fermes» données aux organismes procédant à l'élaboration des listes des bénéficiaires «afin de terminer l'opération dans les délais les plus proches de la date de la rentrée scolaire». C'est du moins ce qui a été mentionné dans la circulaire interministérielle d'application, laquelle a été élaborée et signée par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et les ministres des Finances, de l'Emploi et de la Solidarité nationale et de l'Education, et adressée aux directeurs de l'éducation. Pour rappel, une enveloppe de 6 milliards de DA a été mise à la disposition du ministère de l'Education nationale par décret présidentiel du 26 août 2002. Ce qui devra permettre à 3 millions d'élèves de toucher la prime de 2000 DA. Toujours dans ce cadre, des trousseaux scolaires ont été mis à la disposition des établissements scolaires. Même lenteur pour cette opération qui traîne depuis le mois de septembre. «Notre établissement a préféré commencer par les enfants des enseignants», témoigne une enseignante.