Le premier appelle à un changement dans la forme en commençant par la révision de la Constitution et le second revendique carrément la rupture avec le régime. Les divergences se précisent. Au sixième jour des consultations politiques, deux courants se distinguent a priori. Le premier appelle à un changement dans la forme et le second revendique carrément la rupture. Le premier courant conteste le calendrier des réformes, contrairement au programme tracé par le chef de l'Etat, et priorise la révision de la Constitution. Ils sont nombreux à le revendiquer. Les partis les plus puissants qui se sont succédé jusqu'à présent auprès de l'instance de consultation, l'ont exigé. Le Mouvement de la société pour la paix est allé droit au but. Son président, Bouguerra Soltani, a demandé, sans ambages, de revoir le calendrier des réformes. «Les priorités commencent par la révision de la Constitution qui est la pierre angulaire dont découlent tous les autres projets de réformes», a-t-il déclaré dimanche dernier à la fin de l'audience tenue avec M.Bensalah. Le lendemain, le Parti des travailleurs rejoint cet avis. Sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, est revenue sur l'agenda des réformes. Pour sa formation, la priorité, c'est le chantier de Constitution. «La Constitution est le socle de toutes les lois», a-t-elle précisé lundi dernier à la sortie de l'audience. Pour qu'il n'y ait pas de contradictions entre les différentes lois. Le PT a même proposé d'élargir le débat à toute la société. Maître Farouk Ksentini rejoint l'avis de Soltani et de Louisa Hanoune. A une question de L'Expression sur la priorité du chantier des réformes, M.Ksentini a répondu sans hésiter: «La Constitution» «Il faut d'abord commencer par la Constitution qui est la Loi fondamentale évidemment, dont découlent toutes les lois», a-t-il affirmé à la sortie de l'audience tenue avec le président de la Commission consultative sur les réformes politiques. L'avis de ce juriste est d'un grand apport pour les formations politiques. L'autre courant plaide carrément pour le changement. L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Ghozali a appelé à faire face aux défis de l'heure. Il a mis en garde contre la politique de la fuite en avant. «J'interpelle le régime sur le fait que plus on refuse de s'attaquer au fond du problème et les défis de l'heure, plus on s'approche d'un chaos qui menace ce pays», a-t-il averti, dimanche dernier, à sa sortie de l'audience. M.Ghozali s'est montré sceptique quant à la portée de ces réformes. Il a estimé que pour répondre aux défis de l'heure, il ne suffit pas uniquement de changer des lois. «Le règlement de cette situation ne se fait pas à travers le changement des lois», a-t-il affirmé précisant toutefois: «Ces lois n'ont pas été respectées durant les précédentes décennies.» M.Ghozali évoque en revanche, un problème important qui est l'application stricte des lois sur le terrain. Avant-hier, le président du Rassemblement patriotique républicain (RPR) n'a pas mâché ses mots. S'exprimant à l'issue de sa rencontre avec l'instance de consultation sur les réformes politiques, M.Merbah a affirmé que le RPR n'acceptera pas autre chose que le changement. Il a affirmé, dans ce cadre, que son parti insiste sur le changement, étant convaincu qu'il est «impossible de faire du nouveau avec du vieux». Le changement nécessite, pour lui, le dépassement des «solutions de bricolage». Il a estimé, à cet égard, que «le message clair du peuple, qu'on ne doit pas trahir», contient des «aspirations à plus de démocratie et de liberté, ainsi qu'à un pluralisme plus large dans tous les domaines». L'ancien candidat à la présidentielle, Mohamed Saïd a également plaidé pour le changement. Pour lui, la réussite de ces réformes est conditionnée par la présence d'une «réelle volonté politique» de répondre à la revendication du changement exprimé par le peuple et cela, en connaissance réelle de ses aspirations. La thèse du changement est soutenue par plusieurs partis de l'opposition, en l'occurrence, le RCD et le FFS qui boycottent ces consultations. Cette thèse sera certainement plaidée par d'autres personnalités qui seront conviées par la commission de M.Bensalah. Selon des sources, 250 invités, dont des personnalités politiques, chefs de parti politique et représentants de la société civile, défileront chez M.Bensalah.