L'Argentin planait dans des statistiques stratosphériques il y a quelques semaines encore, devenant le 23 avril le premier joueur à atteindre la barre des 50 buts toutes compétitions confondues. Et de trois? Ce soir en finale contre Manchester United, Lionel Messi vise une 3e Ligue des champions personnelle et un 3e Ballon d'Or consécutif qui placeraient le buteur du FC Barcelone au sommet du gotha européen, alors que Cristiano Ronaldo vient d'égratigner son hégémonie. S'il remportait ce double triplé, Messi rejoindrait... Johan Cruyff, le bâtisseur du Barça dans les années 1990, unique joueur à avoir été triple Ballon d'Or (1971, 1973, 1974) et triple vainqueur de la C1 (1971, 1972, 1973). «Il est capable de tout, et je crois qu'il l'a déjà démontré malgré son jeune âge (23 ans), a dit son coéquipier Eric Abidal lundi. Et je crois qu'avec le nombre d'années qu'il lui reste, il lui en reste beaucoup donc j'espère qu'il sera vraiment le recordman de tous les Ballons d'or, je lui souhaite parce qu'il a vraiment du talent.» L'Argentin planait dans des statistiques stratosphériques il y a quelques semaines encore, devenant le 23 avril le premier joueur à atteindre la barre des 50 buts toutes compétitions confondues en une saison en Espagne, dépassant le légendaire attaquant hongrois du Real Madrid, Ferenc Puskas (49 buts). Rien ni personne ne semblait résister à Messi. Sauf Cristiano Ronaldo: le Portugais, déjà auteur de l'unique but en finale de la Coupe d'Espagne (1-0 a.p.), a fini la saison en trombe et décroché le titre de «pichichi» (meilleur buteur) avec 40 unités, nouveau record de buts en Liga. Pendant que Messi restait bloqué à 31 buts (soit trois de moins que la saison dernière)... «Si je le félicite? Bien sûr, a dit Messi de son rival dans France Football mardi. Nous, on a remporté la Liga, eux la Coupe du Roi, et nous sommes en finale de la Ligue des champions. On ne refuse pas un prix individuel, mais le groupe, les titres collectifs, ça passe avant tout. La joie qu'on éprouve est incomparable. Pour ne rien vous cacher, je n'échangerais pas ses trophées contre les miens.» Sur l'ensemble de la saison, CR7 a marqué 53 buts toutes compétitions confondues (en 54 matches), contre 52 pour «El Pulga» (la puce) en autant de rencontres. Un but à Wembley permettrait à l'Argentin de revenir à hauteur du Portugais, mais aussi à celle de Ruud van Nistelrooy, détenteur du record de buts en un exercice en Ligue des champions (12 réalisations en 2002-2003) avec... Manchester United. C'est d'ailleurs contre MU, lors de la finale de C1 à Rome en 2009 gagnée 2-0, que Pep Guardiola avait pour la première fois placé Messi dans l'axe, Samuel Eto'o passant à droite. Ce qui allait préluder à deux saisons gargantuesques du N.10 en termes d'efficacité, et gêner les adversaires, l'Argentin évoluant en fait en «faux avant-centre», libre de son placement et décrochant souvent. Alex Ferguson s'en souvient. «Ce qui nous avait vraiment coûté, c'est d'avoir concédé le premier but sur un manque soudain de concentration, a souligné mardi l'entraîneur mancunien. Ensuite, ils ont replié Messi qui a joué au milieu dans l'axe et ça nous a rendu la tâche très difficile.» Mais le technicien ne focalise pas sur lui, et a rappelé que Messi était resté muet lors des deux précédentes confrontations (0-0 et 1-0 pour MU en demi-finales de la C1 2008). Samedi, cela fera un mois que le joueur n'a pas marqué, depuis son doublé contre le Real à Madrid en demi-finale aller de la Ligue des champions (2-0), le 27 avril. Une éternité! Et il a été laissé au repos pour les deux derniers matches de Liga. Mais Guardiola évite de lui mettre la pression: «C'est un joueur performant et je sais qu'il jouera pour gagner, a-t-il dit lundi. Mon opinion sur lui ne changera pas s'il gagne une coupe de plus ou de moins et il ne sera pas moins bon s'il perd samedi.»