Qui sont ces personnalités politiques nationales et selon quels critères sont-elles sélectionnées? Depuis le 21 mai dernier, l'actualité nationale est meublée essentiellement par les consultations politiques que mène le président du Sénat en vue de la réforme de l'arsenal juridique et constitutionnel algérien. Tout le reste est relégué au second plan. Et pour cause, il est question de revoir la loi sur les partis politiques, la loi électorale, la loi sur les associations, la loi sur l'information et le Code de la wilaya. Il est aussi question d'élaborer une loi relative à la représentation des femmes aux assemblées élues et la loi sur l'incompatibilité avec le mandat parlementaire. Pour boucler la boucle, une révision constitutionnelle «profonde?» suivra. Cet agenda, tel que prévu, pose déjà problème pour les invités de Bensalah qui souhaitent commencer le train des réformes par la Constitution avant de passer aux autres textes. Officiellement, sont invités à ces consultations des partis politiques, des personnalités politiques nationales et des membres de la société civile. 250 personnalités défileront chez Bensalah, qui est chargé par le chef de l'Etat de recueillir les propositions des uns et des autres. Jusque-là, rien d'extraordinaire. Sauf que ceux qui suivent le dossier sont confrontés à plusieurs questions. La personnalité politique nationale pose problème et prête à équivoque. Qui sont ces personnalités et selon quels critères sont-elles sélectionnées? Mais la grande question que se posent les observateurs, légitimement, c'est de savoir pourquoi la liste des 250 personnalités n'est pas rendue publique. Pourquoi annonce-t-on l'identité de ces invités au compte-gouttes et seulement à la veille de chaque rencontre? Pour le moment, on n'annonce que d'anciens chefs de gouvernement, Mouloud Hamrouche, Ali Benflis, Mokdad Sifi, Smaïl Hamdani et Réda Malek figurent sur cette liste. On a avancé également les noms de Hocine Aït Ahmed (dont le parti a décidé de boycotter ces consultation), l'ancien membre du Haut Comité d'Etat (HCE), Ali Haroun, l'ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, Abdallah Djaballah. L'ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar est déjà consulté. Des sources ont également avancé que les anciens présidents de la République, Ben Bella (1962-1965), Chadli Bendjedid (1979-1991), Liamine Zeroual (1994-1998) ainsi que l'ex-président du Haut Comité d'Etat (HCE), Ali Kafi (1992-1994), seront reçus par le chef de l'Etat Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, en personne. Jusqu'à hier, onze partis politiques, cinq personnalités nationales et quelques organisations de la société civile ont été reçus, au total, par l'instance que dirige M.Abdelkader Bensalah, assisté des conseillers de Bouteflika, MM. Mohamed Ali Boughazi et Mohamed Touati. La qualité des invités dans la salle des consultations de Bensalah est sujette à de fortes controverses. Non pas parce qu'ils ne représentent qu'eux-mêmes, comme ces partis absents sur le terrain, mais parce que leurs partis n'ont fait aucune proposition par le passé. Certains les ont déjà affublés d'un vocable peu flatteur de «dépouilles politiques» qu'on a repêchées pour s'en servir et donner l'illusion que quelque chose de sérieux se prépare. Faut-il rappeler, dans ce contexte, que le RCD, le FFS et AHD 54 ainsi que certains membres de la société civile ont décidé de boycotter ces consultations qui se poursuivront jusqu'à la fin du mois de juin. En ce qui concerne l'agenda de ces réformes, il est attendu que les textes de loi seront adoptés lors de la prochaine session du Parlement alors que la Constitution sera révisée après 2012.