Interrogé à Sétif sur l´éventualité d´un prochain découpage administratif, Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l´Intérieur, a admis cette nécessité, nuançant cependant l´importance qui serait donnée par son département à cette réorganisation territoriale. Ainsi, selon M.Zerhouni, il y aurait bien une réorganisation administrative du territoire mais selon un nouveau schéma qui verra «d´abord» la création de «wilayas- déléguées» (dont il ne précise pas le nombre). Ce qui voudrait dire que les précédents réaménagements du territoire national de 1974 et de 1984 n´ont pas donné toute satisfaction aux autorités qui semblent opter pour la politique induite à Alger par la création de «wilayas- déléguées». Est-ce à dire que l´expérience des circonscriptions administratives d´Alger a eu l´effet escompté? Comment et dans quelles perspectives? M.Zerhouni n´en dit rien, ni n´explicite sur quoi il conçoit son choix de «wilayas-déléguées». Revenir aux wilayas- déléguées, plutôt que d´ériger directement des wilayas de plein exercice -les nouvelles étant guidées par les wilayas «mères» dans leurs premiers pas- n´est-ce pas un retour en arrière, singulièrement quand le gouvernement ne cesse de mettre l´accent sur l´impératif du développement des Hauts-Plateaux et du Sud par la création de nouvelles entités territoriales, appelées d´une part à créer des emplois, d´autre part à fixer les populations qui envahissent les grandes agglomérations du nord du pays? Mais, toujours selon le ministre de l´Intérieur, ce réaménagement n´est pas pour l´immédiat, quand, sur le même sujet, le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, annonçait devant les députés, lors de la présentation du programme du gouvernement, que 10 nouvelles wilayas allaient être créées dans le Sud à l´orée de l´année prochaine. Qui dit vrai? La même distanciation a été notée à propos des Codes communal et de wilaya. La déclaration de M.Zerhouni à ce propos a beaucoup irrité les députés -rapport aux futurs pouvoirs des élus locaux- qui ont interpellé le chef du gouvernement. M.Belkhadem s´est astreint à rassurer les députés, les assurant qu´ils seront «tenus informés» de ce qui se passe dans leur circonscription. Aussi bien pour ce qui est du futur découpage territorial que du contenu des nouveaux Codes communal et de wilaya, le pouvoir semble procéder par effet d´annonce sans jamais aller au bout de sa pensée. On peut se demander si c´est là une manière rationnelle de gouverner. Si le découpage des nouvelles wilayas est finalisé, si les Codes communal et de wilaya sont prêts, pourquoi alors ces tergiversations et ces annonces répétées, sans être suivies de résultats, qui donnent de mauvais contrecoups aux démarches de l´Exécutif tout en suscitant la suspicion sur des textes réglementaires et une réorganisation administrative pourtant nécessaire à une gestion plus efficace du territoire et pour plus de cohérence dans les prises de décision au niveau local. Or, les pas de deux auxquels nous assistons de la part des pouvoirs publics dénotent l´indécision quant au bien-fondé de la démarche entreprise et des décisions qui sont prises. Et cela a mauvais effet sur l´opinion publique quant aux convictions de ceux qui dirigent le pays.