Le président russe Vladimir Poutine a, à maintes reprises, réitéré qu´il n´était pas candidat à la présidentielle de mars 2008. Et pour cause! La Constitution ne lui permet pas en effet de se présenter à un troisième mandat. Il semble toutefois avoir dépassé la difficulté et lui a trouvé la parade. En effet, M.Poutine n´exclut plus son éventuel retour aux affaires en 2012. C´est ce que rapportent des politologues russes selon lesquels M.Poutine veut «s´assurer de la continuité» de la politique qu´il a initiée lors de ses deux mandats. La désignation, vendredi, d´un nouveau Premier ministre, Viktor Zoubkov, proche du chef du Kremlin -et déjà considéré comme potentiel candidat à la succession de M.Poutine- est un signe fort et également le signal du début de manoeuvres politiques à quelque six mois du scrutin présidentiel de 2008. En fait, Vladimir Poutine qui avait exclu de réviser la Constitution -afin qu´il puisse se représenter à un troisième mandat- a élaboré un complexe canevas qui lui donne toute latitude de mener le jeu à sa guise. Cela d´autant plus que le système russe actuel, à l´instar de son prédécesseur soviétique, est marqué par une opacité qui réduit analystes et observateurs à interpréter toute décision qui sort de la norme. Et le remaniement du gouvernement à six mois du scrutin et l´adoubement à sa tête d´un parfait inconnu, en la personne de M.Zoubkov, en est une. Et puis M.Poutine joue avec maestria de l´art de la suggestion se présentant comme un défenseur convaincu de la démocratie quand, dans le même temps, il n´hésite pas à lui faire quelques «accrocs» ici et là, comme de neutraliser l´opposition en lui barrant la route du Parlement avec la nouvelle loi électorale, de museler les médias, aujourd´hui en majorité contrôlés par le Kremlin, quand la télévision n´est plus que le relais exclusif du pouvoir. Ainsi, Vladimir Poutine a préparé le terrain à son successeur qui aura à poursuivre sa politique en attendant qu´il revienne par la grande porte. Aussi, le remaniement ministériel et la désignation d´un homme jusqu´alors effacé, M.Zoubkov, sont perçus comme le coup de starter d´une campagne qui doit s´achever en mars prochain par l´élection du nouveau président de la Fédération de Russie. Si M.Zoubkov apparaît dès lors comme le «dauphin» désigné, il n´en reste pas moins que le chef du Kremlin se réserve le dernier mot et garde d´autres cartes dans sa manche puisqu´il a affirmé récemment que la Russie disposait aujourd´hui «d´au moins quatre ou cinq» personnalités politiques «présidentiables». Ce qui, outre de laisser ouvert le champ aux supputations, laisse également ouvertes toutes les options. Il est patent toutefois que M.Poutine a lancé vendredi les grandes manoeuvres d´une succession qu´il veut sous contrôle, ne prenant aucun risque et en balisant le terrain pour s´assurer que son «candidat» sera bien le prochain locataire du Kremlin. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque le Kremlin a d´abord pris la précaution de verrouiller le système politique et que M.Poutine a travaillé ces dernières années à renforcer son pouvoir ne laissant aucune ouverture à ses adversaires comme le fait que les gouverneurs, jusqu´alors élus au suffrage universel, sont désormais nommés par le chef de l´Etat. Vendredi, M.Poutine, tout en prenant date, a balisé le chemin pour son successeur.