Soltani a transmis la présidence de l´Alliance présidentielle à Ouyahia. A part cet acte purement protocolaire, la réunion des leaders des trois partis qui soutiennent le programme présidentiel n´a débouché sur aucune position commune, excepté l´injonction faite à leurs élus d´avoir à débloquer la désignation des 21 maires manquants, sous peine de dissolution. Ce maigre résultat sorti d´un huis clos à l´ordre du jour pourtant chargé, où ont été abordées «les questions nationales, politiques, économiques et sociales ainsi que d´autres internationales», prouve que «alliance» vit des moments difficiles de cohabitation. Deux indices au moins révèlent cette situation. Alors que Belkhadem estime que la révision de la Constitution devrait «donner des prérogatives au Conseil de la nation de légiférer», Ouyahia, lui, estime le contraire et souhaite que «le rôle du Conseil de la nation ne soit pas revu». L´autre indice est le refus du leader du MSP de se positionner à propos de cette révision. En tout cas, pas «avant que ne soit porté à notre connaissance l´avant-projet de texte...dans le cas présent, nous n´avons qu´un texte virtuel...C´est mettre la charrue avant les boeufs», explique Soltani dans un entretien au Quotidien d´Oran publié le jour même de la réunion des leaders de l´Alliance. Plus important encore et dans le même entretien, à la question de savoir si «le MSP ne va pas changer d´orientation et quitter l´Alliance présidentielle?», Soltani répond que «cette question est envisageable». Ceci expliquant cela. Le MSP ne va quand même pas se prononcer sur la révision de la Constitution quand, dans le même temps, il programme de quitter l´Alliance présidentielle. Toutes ces manoeuvres ont une cause. La mouvance islamiste impute sa baisse d´audience auprès de l´électorat, constatée lors des deux derniers scrutins, à la politique - jugée par elle de «très modérée» - menée par le président Bouteflika. C´est pourquoi la cohabitation qui n´a été acceptée que pour servir à «l´entrisme» - une constante au MSP - s´avère embarrassante maintenant que les islamistes doivent faire face à la désaffection de l´électorat et pensent à la magistrature suprême comme seule et unique solution. Sauf qu´un tel objectif ne peut être atteint par les islamistes, dans l´état actuel de l´électorat, sans cooptation et sans fraude. Deux pratiques d´un temps révolu. En réalité, Bouteflika gêne autant les islamistes que l´opposition active qu´on peut qualifier de «gauche démocratique». Les deux camps ont les mêmes soucis de représentation. La majorité silencieuse «s´exprime» par son abstention lorsqu´elle a à choisir entre ces deux camps. Mais pas lors des présidentielles ou du dernier référendum sur la réconciliation nationale. Une majorité qui rejette les extrêmes. Voilà pourquoi la classe politique - tous bords confondus - ne veut plus de Bouteflika qui dispose de cette majorité qui la boude. Dès lors, parler d´«élargissement de l´alliance» comme l´a fait Soltani, en marge du sommet de mercredi dernier, n´est qu´une manoeuvre de plus pour «s´emparer» de l´Alliance ou, à défaut, se donner le prétexte pour la quitter. A ce moment-là, on verra aussi dans quelle direction regarde réellement Belkhadem.