La gendarmerie a rendu publique l´arrestation de dix jeunes gens accusés d´un viol collectif sur une jeune adolescente de 17 ans. Un fait divers qui, malheureusement, n´est qu´une toute petite partie d´un immense iceberg qu´il est urgent d´aborder. Urgent, car les faits divers liés aux délits sexuels sont plus importants qu´on ne le croit dans notre pays. Tous les intervenants dans ce genre de délits, policiers, gendarmes, magistrats, s´accordent à dire que les cas non portés à leur connaissance peuvent être plus importants que ceux qui le sont. La peur du scandale et l´honneur de la famille empêchent beaucoup de victimes de se plaindre. Le huis clos imposé par la justice pour ce genre de procès, s´il est largement justifié, ne suffit cependant pas à faire sauter les verrous derrière lesquels beaucoup de victimes souffrent en silence. Les délits sexuels (viols, pédophilie, prostitution clandestine, inceste,...) découlent dans le langage des psychiatres d´une «agénésie de la conscience morale», c´est-à-dire d´une absence de «frein» contre la pulsion sexuelle biologique qu´aggrave la frustration. En plus simple, la pulsion sexuelle existe chez tous les êtres humains et c´est l´éducation qui en donne les freins ou contre-pulsion. Il faudrait, néanmoins, que l´éducation ne soit pas en butte à des facteurs contraires comme la frustration par exemple. C´est là un problème de société qui fait des ravages en silence tant il est entouré de tabous particulièrement tenaces chez nous. L´ampleur des dégâts et le réalisme devraient inciter nos responsables à prendre en charge ce problème et aider la société à s´en prémunir. Si, bien sûr, nous refusons réellement le risque d´une dégénérescence de la moralité publique à terme. Se voiler la face et pratiquer la politique de l´autruche est vraiment ridicule quand on sait tout ce que véhiculent les satellites et Internet. Tout le monde sait qu´il n´y a pas que le foot qui fait courir les Algériens pour «flasher leur démo». Alors il faut cesser de se mentir. Il est temps que les pouvoirs publics fassent appel à tous les spécialistes concernés par ce fléau pour adopter la meilleure politique de prévention. Un moment, beaucoup d´optimistes avaient pensé que la lutte contre le sida allait offrir l´occasion idéale à l´Etat d´enclencher le processus et casser les tabous qui nous mènent à la catastrophe. Les plus irréductibles d´entre eux attendent toujours et pensent qu´il n´est pas trop tard. Puissent-ils avoir raison!