Que peuvent bien attendre les damnés de la terre du Sommet sur la crise alimentaire mondiale, qui s´est ouvert hier à Rome en Italie? Très peu de choses en vérité. D´ailleurs, seulement le quart des chefs d´Etat et de gouvernement des pays membres de la FAO ont fait le déplacement. Deux raisons essentielles à cela. D´abord, un problème d´ordre structurel. La perte de crédibilité de la FAO. Pour le président sénégalais, c´est simple: «Il faut éliminer la FAO». La Banque mondiale et l´Arabie Saoudite ont pour leur part, déjà annoncé ne pas remettre à la FAO leur contribution. Tous font le reproche à l´organisation onusienne d´avoir perdu l´efficacité qu´on lui connaissait dans les années 70 et de consacrer une large part des contributions pour ses frais de fonctionnement. Bref, une organisation jugée vieillotte avec, à sa tête, un directeur général en place depuis 15 années. Rien qui puisse en faire une institution à même de se voir encore confier les problèmes d´alimentation que vit la planète. Il est même question de transférer ses missions au PAM (Programme alimentaire mondial) ou au Fida (Fonds international de développement agricole) même si leurs performances n´ont rien d´exemplaire non plus. Un procès qui vaut ce qu´il vaut car d´autres institutions comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ont du mal à faire oublier qu´ils ne sont pas totalement étrangers à la crise actuelle. L´autre raison tient de l´hypocrisie qui entoure les travaux de ce Sommet. Un Sommet qui, pour débattre de la sécurité alimentaire dans le monde, se refuse volontairement de mettre le doigt sur les véritables causes de l´envolée des prix des produits alimentaires sur le marché mondial, qui sont faits pour durer. Il va être question de l´embourgeoisement des populations chinoise et indienne qui changent subitement de mode alimentaire. Qui passent du riz à la semoule. Un peu comme si, pour des raisons de prospérité, nous renoncerions brutalement à notre couscous pour du riz à toutes les sauces. Il va être question de mauvaises récoltes dues aux changements climatiques alors même que les scientifiques sont divisés sur la question. Il va aussi être question du prix du pétrole et de son incidence sur la production agricole. Enfin, et plus timidement, la question des agrocarburants sera effleurée pour appeler à un «consensus international» alors qu´il ne s´agit ni plus ni moins pour les experts de l´ONU que d´un crime contre l´humanité. Et que c´est là la cause fondamentale de la crise alimentaire que nous vivons, aggravée par la spéculation sur les marchés financiers. Non, vraiment il n´y a rien à attendre du Sommet de Rome. Chaque peuple ne devra compter que sur ses propres capacités. L´Algérie l´a bien compris. Elle a délégué un ministre pour la représenter.