La réforme et le budget sont les sujets principaux de la conférence du Fonds des Nations unies pour l'agriculture (FAO), qui s'est ouverte samedi dernier au siège de l'organisation à Rome en Italie. La discussion sur la mise en oeuvre des mesures de réforme afin de mieux réaliser les tâches de la FAO, dont la lutte contre la faim dans le monde entier, figure en tête de l'ordre du jour de la conférence. Cette discussion sera basée sur le premier Rapport d'évaluation externe indépendant de l'organisation, qui comprend 100 propositions pour la réforme de la FAO. En effet, le Rapport d'évaluation de 400 pages produit sur la FAO met en exergue une bureaucratie "asphyxiante", les projets inadaptés, une absence de mobilité du personnel, un manque de vision claire des objectifs, de ligne stratégique et de culture du résultat qui handicapent la FAO. Conclusion de ces experts qui doutent de la survie de la Fao : "Elle est au bord du gouffre". Ils s'attaquent durement à la gestion de Jacques Diouf, Directeur général de l'Organisation, tant sur le volet des ressources humaines que sur celui des programmes. Les mêmes experts tentent une explication par l'usure du pouvoir qui n'épargnerait pas un directeur exécutant son troisième mandat à la tête de l'Organisation. Des états des lieux, résultant de visites dans trente-cinq pays et de 2 500 interviews effectuées en dix-huit mois, il ressort, dans le rapport que "La FAO est au bord du précipice. À moins d'un changement drastique, elle sera confrontée à un déclin rapide et total ". Tout en relevant l'importance de cette organisation dans un monde qui compte 800 millions de personnes souffrant de la faim avec un quart des enfants du tiers-monde âgés de moins de 5 ans t dénutris, une pauvreté touchant 75 % des populations rurales, les experts notent "faute de savoir valoriser ses potentialités, la Fao freine le développement au lieu de le promouvoir ". Et d'enfoncer le clou " Les pauvres sont moins bien servis par l'institution qu'ils ne seraient en droit de l'attendre. "L'organisation n'est pas adaptée aux défis du XXIe siècle ". Ils ne s'expliquent pas les procédures " étouffantes " car estimant que la Fao possède des experts de valeur, des divisions efficaces, comme celle de la santé animale qui obtient de bons résultats dans la lutte contre la grippe aviaire. Le rapport dénonce une gouvernance dont " le seul objectif est de complaire au secrétariat général ", sans souci des résultats obtenus. Tout déplacement à l'étranger, indique les experts, requiert au préalable sept signatures. Un consultant arrive-t-il sur place avec trois mois de retard ? En filigrane, le rapport critique férocement la gestion des deux directeurs généraux qui ont gouverné la Fao pendant trente et un ans, le Libanais Édouard Saouma (1976-1993) et le Sénégalais Jacques Diouf, élu en 1994, qui accomplit son troisième mandat de six ans. Les nominations aux postes clés sont d'ordre politique, et non en fonction des compétences. " Le département des ressources humaines n'a aucune latitude. Tout remonte au directeur général ", note le rapport. Un tiers des représentants de la Fao dans les pays n'ont aucune expérience en dehors de leur propre pays et 69 % sont nommés sans connaître le fonctionnement de la Fao. Le rapport conclut en formulant 110 recommandations pour restituer à la Fao une "culture du résultat ". Il propose un plan d'urgence de trois ans, seul moyen d'endiguer un déclin entamé au milieu des années 1980. Les pays membres en discuteront en novembre. L'autre sujet principal de cette conférence est de décider le budget de l'organisation pour les deux ans à venir. Les participants de la conférence discuteront d'un projet budgétaire de 885,8 millions de dollars pour la période entre 2008 et 2009, selon la FAO. Cette conférence a également accueilli la participation d'Andorre et du Monténégro comme nouveaux membres de la FAO, ainsi que des Iles Féroés comme membre associé. Jusqu'à présent, la FAO regroupe un total de 192 membres.