Hécatombe! Et ce n´est guère exagéré face aux massacres induits par la route algérienne. Il n´est pas de jour où des dépêches, plus macabres les unes que les autres, n´annoncent un accident ici, un carambolage là qui, au final, s´additionnent en dizaines de morts. C´était le cas jeudi dernier, lors d´une collision sur la RN4 dans la daïra d´Oggaz (wilaya de Mascara) entre une fourgonnette de transport et un bus lors de laquelle 23 personnes ont trouvé la mort alors que l´on dénombrait de nombreux autres blessés plus ou moins grièvement. Ces accidents, dont les victimes sont de plus en plus nombreuses, sont devenus, pour ainsi dire, une image de marque de la route algérienne qui s´est mutée en véritable fléau pour les voyageurs et routiers algériens. Aucune région du pays n´échappe à ces «tueries» en passe de devenir une nouvelle forme de terrorisme. Comment cela ne serait-il pas le cas devant l´augmentation graduelle des morts violentes provoquées par la multiplication des accidents? Selon des statistiques fournies par le Centre national de prévention et de sécurité routière, 1968 personnes sont mortes lors d´accidents de la route et 29.200 autres blessées, sur l´ensemble du territoire national, durant le premier semestre de l´année en cours. C´est énorme. Un véritable gâchis! La même source indique encore que lors de cette période, il y a eu 18.775 accidents. Bien sûr, nombre de routes nationales, chemins de wilaya ou de daïra se trouvent dans des états assez dégradés mais cela n´explique pas totalement un accroissement exponentiel du nombre d´accidents et, conséquemment, de celui des morts. Ces accidents sont dus, selon les services de sécurité, aux excès de vitesse mais aussi, sans doute surtout, à l´inobservance des règles de conduite, dont les dépassements à contre-temps, insensés, sont la colonne vertébrale de l´hécatombe qui sévit sur nos routes. Outre donc les dégâts qu´occasionnent les «fous» de la route, il convient également de relever un certain laxisme, de la part des pouvoirs publics chargés de veiller sur nos routes, lequel n´est pas totalement étranger à la récurrence d´un phénomène que rien en vérité ne peut expliquer. D´autant plus que les innombrables campagnes de prévention initiées ces dernières années, ne semblent pas avoir donné leurs fruits et assagi les apprentis Fangio de la route. Justement, une nouvelle campagne de sensibilisation a démarré récemment avec l´objectif de lutter contre des accidents dont chacun est, et reste, un accident de trop. Mais une telle campagne (de sensibilisation) ne peut - dans les conditions actuelles de la route algérienne - être ponctuelle et se doit d´être permanente. Cela, d´autant plus, que l´Algérie détiendrait un triste record mondial: celui des accidents mortels de la route. Chez nous, la route tue autant que les méfaits du terrorisme lors des années rouges.