Aujourd´hui est célébrée la Journée internationale pour l´élimination de la violence à l´égard de la femme. Chez nous comme ailleurs. On peut se désoler qu´on y pense seulement une fois l´an alors que cette violence sévit tous les jours. On peut aussi se dire qu´il vaut mieux y penser une fois l´an que pas du tout. Et surtout se dire qu´en parler, une fois comme toujours, ne règle rien si cela n´est pas suivi de mesures. Si la volonté de lutter contre cette violence n´est pas marquée par des actions bien pensées et mises en application. Cette année, Maître Ksentini propose d´introduire dans le Code pénal la clause «de circonstance aggravante» pour cette forme de violence «qu´aucun motif ne peut excuser». Il propose également d´envisager la possibilité «d´enclencher une procédure judiciaire sur simple témoignage du voisinage». Notre célèbre avocat a le mérite d´être sensible au problème et d´avancer des propositions. Mais est-ce suffisant quand on sait que le problème n´est pas aussi simple pour être réglé avec deux ou trois dispositions supplémentaires au dispositif pénal existant? Il ne faut pas, non plus, se laisser entraîner sur le terrain de la manipulation politicienne et sauter sur l´occasion pour faire endosser au Code de la famille tous les maux. Son contenu reflète l´état de notre société. Une adéquation sans laquelle aucune loi n´a de chance d´être applicable. C´est pourquoi il faut agir d´abord sur tout ce qui peut permettre une refonte des mentalités. A commencer par l´éducation. Tout le monde sait que cette violence contre les femmes se déroule pour l´essentiel au sein de la famille. Quand ce n´est pas le mari, c´est le frère ou le père qui s´en rendent coupables. Mais vu «l´étau» dans lequel sont enserrées la plupart de nos familles il est à se demander s´ils ne sont pas eux-mêmes des «victimes». Quand on a grandi dans une ambiance de règne absolu du mâle et de «mise sous haute surveillance» de la jeune fille puis de la femme, on n´en sort jamais indemne. Et dire que c´est la mère, cette autre femme, qui inculque et instaure la suprématie masculine. Si l´on y ajoute les assauts systématiques et sans distinction des mâles contre le sexe dit «faible» à l´extérieur et dont les exhibitions outrancières renvoient, selon beaucoup de psychiatres, à des doutes sur leur virilité, on a un tableau complet sur la déliquescence de la relation hommes-femmes dans notre pays. Cela pour dire qu´une journée par an et les quelques colmatages législatifs suggérés à l´occasion, ne sont pas des moyens qui pourraient venir à bout d´un mal d´une telle profondeur. La bonne thérapie c´est l´éducation, rien que l´éducation. Celle de tous les instants et de toujours. La répression et les textes y afférents n´interviennent qu´après. Cela est aussi vrai qu´on ne peut réprimer en masse mais seulement des individus. Lorsque de la règle, nous passerons à l´exception.