?Je ne sais pas si ce fut une co?ncidence, mais j?ai divorc? un 8 mars. Je ne m?en suis rendu compte que bien plus tard. J?avais oubli? cette date, car les violences que j?avais endur?es ?taient beaucoup trop profondes, pour me permettre de r?fl?chir ou de me rappeler de cette date et de ce qu?elle pouvait repr?senter pour les femmes?, dira Fatima. ?Cette journ?e est devenue pour moi, l?anniversaire de ma d?livrance, m?me si je continue ? me battre car la vie est un combat pour toutes les femmes qui refusent de se soumettre?, ajoutera cette femme, une m?re de famille qui a ?t? marqu?e dans sa chair et elle porte, aujourd?hui encore, les traces de violences qu?elle a subies. Celles de son mari. Des femmes dans sa situation, on peut en compter des milliers, or certaines ont choisi de ne pas se taire et d?autres continuent ? souffrir en silence de peur d??tre rejet?es par toute une soci?t?, ? commencer par leur propre famille. Aujourd?hui, c?est le 8 Mars et on se rappelle, comme chaque ann?e, que des femmes souffrent encore des violences qu?elles endurent, et comme chaque ann?e, on crie au scandale sans plus. Pour cette ann?e et ? cette occasion, nous nous sommes rapproch?s du service de m?decine l?gale du CHUO, pour avoir une id?e sur l?ampleur du ph?nom?ne de la violence ? l?encontre des femmes. Encore une fois, les chiffres sont effarants et refl?te une situation de crise. En 2008, ce service a enregistr? le nombre de 540 femmes, toutes victimes de violence, ?une hausse par rapport aux ann?es pass?es?, dira un responsable de ce service qui avancera qu?en 2006, 229 femmes, toutes victimes de violences, ont ?t? enregistr?es. Au niveau national, ce sont 4.500 cas de violence contre les femmes qui ont ?t? enregistr?s durant le premier semestre de l?ann?e derni?re. A propos de cette violence subie par les femmes, ce responsable du service de m?decine l?gale, expliquera que ?de plus en plus de femmes osent rompre le silence pour venir d?noncer la violence dont elles sont victimes. Les chiffres ne sont gu?re repr?sentatifs car certaines viennent se faire d?livrer un certificat d?incapacit? mais ne vont jamais au del? de cela. On les comprend: pour elles, ce certificat suffit ? remettre de l?ordre dans leur foyer. Mais ce n?est pas toujours le cas?. Interrog? sur le cas qui l?a le plus marqu? dans son parcours professionnel, par rapport aux femmes victimes de violence, il dira: ?On a eu ? autopsier des cadavres de femmes battues ? mort par leur mari, mais le cas qui est rest? grav? dans mon esprit, a ?t? admis dans notre service il y a une dizaine d?ann?es: le cas d?une femme qui ?tait une plaie vivante. Elle portait de graves br?lures sur tout le corps et m?me au niveau du visage?, ?Je me rappelle aussi, dira ce praticien, que nous lui avions d?livr? un certificat d?incapacit? de travail de trois mois? et des s?quelles qu?elle gardera toute sa vie?. Cette victime dont parle le praticien est Fatima, la m?re de famille qui a divorc? un 08 Mars, elle a divorc? de son mari mais elle a aussi divorc? du calvaire et de la violence qu?elle subissait. Fatima s?est lanc?e dans un autre combat, celui de se faire une situation professionnelle et assurer un avenir ? ses enfants qui ont, d?ailleurs r?ussi dans leurs ?tudes, gr?ce ? elle et ? la force qui se d?gage d?elle. Si toutes les femmes avaient la volont? de Fatima!