Avant même que la Conférence internationale contre le racisme, dite Durban II - qui fait suite à celle tenue en 2001 en Afrique du Sud - ne tienne ses assises, le ban et l´arrière-ban de l´Occident se mobilisent pour le boycott de la rencontre de Genève prévue du 20 au 24 avril prochain. Relayé par les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, Israël s´emploie à diaboliser une conférence dont l´objectif est celui de définir, une fois pour toutes (?), le racisme. En effet, le racisme est employé à toutes les sauces, comme paravent, généralement à sens unique, au profit singulièrement d´un seul Etat, Israël, sacralisé, dont la critique de sa politique est quasiment criminalisée sous le label «d´antisémitisme». Cette conférence qui se tient sous l´égide de l´ONU se propose de définir «les critères et les normes en matière de racisme, de ses sources, de ses expressions et des moyens de le combattre». Il est évident que l´enjeu d´une telle conférence est de pouvoir, enfin, donner une définition globale acceptable du racisme et de ses manifestations, lorsque d´aucuns en font un fonds de commerce, un faire-valoir, dès lors qu´ils entendent imposer au monde leur seule lecture de ce phénomène. Selon cette norme professée par l´Occident, profaner une tombe juive, ou critiquer Israël, c´est de l´antisémitisme, donc du racisme, profaner des tombes musulmanes ou chrétiennes, ce n´est pas du racisme, et l´islamophobie et la christianophobie relèveraient de la religion et, a fortiori, de la «liberté» d´expression, selon ces tenants d´une lecture sélective des droits de l´homme. De fait, prenant les devants, Washington estime que si l´antisémitisme est une forme de racisme, ce n´est pas le cas pour l´islamophobie, annonçant que sa participation à la conférence ne se fera que si le texte de la déclaration finale abandonne toute référence à Israël et au concept de diffamation des religions porté par les pays africains et musulmans, avait indiqué récemment un haut responsable américain. Depuis, les Etats-Unis ont officiellement décidé de ne pas participer à la conférence, suivis peu après par la France et l´Italie notamment, qui ont été précédés, soulignons-le, par le Canada, qui évoqua dès janvier 2008 la question du thème de Durban II. Ainsi, l´Occident a vite fait de mettre à l´index l´Organisation des Nations unies, organisatrice de la Conférence Durban II, accusée de «mettre la démocratie et les droits de l´homme en danger». Peut-être bien qu´il va falloir aussi redéfinir le concept de démocratie et celui des droits de l´homme, dont l´Occident s´est proclamé le dépositaire. Or, s´il est devenu impossible de rationaliser les critères et normes d´explication du racisme, c´est dû au fait qu´un Etat, Israël, a été mis hors champ de la critique et bénéficie de l´impunité totale. Ceux-là mêmes qui disent défendre les droits de l´homme font ainsi dans la différenciation ethnique entre antisémitisme - condamnable par définition selon eux - et l´islamophibie - qui relèverait de la liberté d´expression -, accréditant ainsi une forme insidieuse de racisme à rebours envers les musulmans. Ainsi, protester contre l´islamophobie, c´est, selon ces défenseurs de la «liberté d´expression», prendre le risque de «disqualifier toute parole critique envers la religion ou l´intégrisme comme étant une forme de racisme». Sauf qu´Israël et l´intégrisme judaïque doivent rester indemnes de toute critique sous peine d´être traité d´antisémitisme. En vérité, il y a urgence à redéfinir les concepts de racisme, de droits de l´homme et de liberté d´expression - notions occidentales - à la lumière des cultures humaines multiples et non plus à la seule lecture qu´en fait l´Occident, qui impose son diktat sur la pensée aux peuples du monde et ne tient pas compte de leur différence.