A l´initiative de son chef de la diplomatie, Javier Solana, Bruxelles réunit, ce jeudi, un tour de table en vue de l´éventuelle relance de l´Union pour la Méditerranée (UPM). Dans l´euphorie, quelque peu forcée de son baptême, d´aucuns ne se sont pas avisés de la fragilité d´une «union» faite de «bric et de broc». De fait, les organisateurs de la rencontre du 23 avril ne sont pas certains d´arriver à leurs fins en réunissant autour de la même table les Arabes et Israël, comme le laissait entendre hier un responsable européen qui indiquait, «sans volontarisme, l´UPM risquait l´enlisement, mais on ne sait pas encore quels pays arabes accepteront de revenir autour de la table». Fondée au forceps grâce à la pugnacité de son promoteur, le président français, Nicolas Sarkozy, l´Union pour la Méditerranée, le moins qui puisse être dit, est mal née, mal acceptée, autrement dit, illégitime. De fait, très rapidement l´UPM montrera ses limites, comme le donneront à voir les suites d´une aventure diplomatique mal engagée et de plus incertaine. De fait, l´agression d´Israël contre la Bande de Ghaza (du 27 décembre au 18 janvier causant la mort de 1330 Palestiniens) sonnera le glas de l´idée que l´on pouvait encore se faire d´une organisation plus que jamais mal partie. L´UPM était en fait une utopie, une virtualité que l´on voulait imposer comme une nécessité «sine qua non» à un ensemble méditerranéen non seulement hétéroclite mais en déphasage avec la réalité sociale et économique de ses pays membres. Cela sans revenir sur les divergences politiques entre l´Union européenne et le sud de la Méditerranée d´une part, entre ses membres arabes d´autre part, entre les Arabes et Israël enfin, outre la place prépondérante qui semble être accordée à l´Etat hébreu qui ne s´intègre ni dans l´Union européenne et encore moins dans l´ensemble arabe. De fait, depuis la création de l´UPM, Israël aura surtout été le cheval de Troie qui a contribué à semer la zizanie et à vider l´Union pour la Méditerranée de sa substance et de sa raison d´être. Aussi, loin de rapprocher le Nord et le Sud de la Grande Bleue, la présence d´Israël aura surtout créé la dissension au sein de l´UPM, et accentué l´incompréhension entre ses membres européens et arabes. D´autre part, la réunion de Bruxelles qui se veut être celle de la relance, tombe vraiment au mauvais moment, marquée par la prise de fonction de la droite en Israël, d´une part, le boycott par une partie de l´UE des travaux de la conférence sur le racisme, d´autre part. Dans le premier cas, on voit mal les pays arabes, déjà très réticents, s´asseoir avec Israël dont le nouveau gouvernement de droite ne cache pas sa ferme opposition à la création d´un Etat palestinien, quand l´Autorité palestinienne est membre fondateur et de plein droit de l´Union pour la Méditerranée. Cela, outre les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien. Par ailleurs, l´Etat hébreu porte l´entière responsabilité de l´échec de «Durban II» en incitant le monde occidental au boycott de la conférence sur le racisme, imposant ainsi son diktat aux Etats occidentaux, notamment européens qui, certes, n´ont toujours pas la conscience nette, ni tranquille vis-à-vis des Juifs et de lHolocauste de la Seconde Guerre mondiale, qu´Israël tient comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de l´Europe. En fait, plus que jamais Israël, ce «petit Etat dominateur», apparaît assurément être le centre de la diplomatie mondiale et tout semble tourner autour de l´Etat hébreu mettant en stand-by toute perspective d´ouverture entre les communautés musulmane et judéo-chrétienne. Aussi, rien n´indique que jeudi l´UPM puisse «rétablir l´équilibre en assurant un espace de paix et de sécurité (...) par le dialogue entre les deux rives», leitmotiv par lequel les Européens veulent attirer leurs partenaires du Sud.