Cinquante-trois ans après le 19 Mai 1956, que connaissent les jeunes Algériens de 2009 de cette héroïque épopée, de jeunes comme eux qui, un jour, décidèrent, à l´appel des dirigeants de la Révolution, d´abandonner études et famille pour s´engager dans le maquis, et se battre pour l´indépendance, sans certitude du lendemain? Peu, très peu en fait! Posez la question aux jeunes d´aujourd´hui. Leurs réponses sont édifiantes (navrantes?) quant à leur méconnaissance des repères qui ont jalonné la lutte de Libération nationale ayant forgé et consolidé l´identité nationale. La grève générale illimitée des étudiants algériens a été une étape importante du combat des Algériens pour le recouvrement de la souveraineté nationale. Quelle signification donne-t-on aujourd´hui au 19 Mai 1956 qui a été un tournant décisif dans la marche vers l´indépendance? L´ignorance de ces dates par les jeunes de la génération postindépendance en dit long sur le déficit de leur connaissance du Mouvement national et de l´Histoire contemporaine de l´Algérie. En 1956, alors que la propagande coloniale faisait croire à l´essoufflement de la Révolution, la montée massive au maquis d´étudiantes, d´étudiants, de lycéennes et de lycéens, démontrait au contraire, que l´insurrection algérienne n´était pas le fait d´une poignée de militants ou d´illuminés, mais bien celle d´un peuple qui s´était soulevé pour recouvrer sa souveraineté. Le 19 Mai 1956 est une des dates à placer au Panthéon de la Révolution nationale. Avec les étudiants algériens qui ont fait le choix de rejoindre les rangs de l´ALN/FLN, c´est en fait toute la société algérienne qui avait alors basculé dans la guerre contre l´occupation et la colonisation. Mais de quels repères a bénéficié la génération postindépendance pour se situer dans l´Histoire des nations et des peuples? En fait, toute la problématique de l´Algérie d´aujourd´hui est là, lorsque l´Histoire du Mouvement national a été instrumentalisée, quand les jeunes ont été privés de ces jalons que sont les faits et les actes des hommes qui, consignés au long du temps, sont autant de points de repères qui disent l´Histoire d´un peuple, d´une nation. C´est cette Histoire qui est le fondement identitaire d´un peuple au même titre que la langue et les croyances religieuses. Quels jalons a-t-on montrés à nos enfants? Quels écrits ont préparé les nouvelles générations à cette connaissance d´un passé glorieux qui les aide à construire un futur de Lumière? Comment ces générations peuvent-elles appréhender leur devenir alors qu´on les a tenues dans l´ignorance de leur passé historique et de l´Histoire de leur peuple? Quand elles ont été laissées dans l´ignorance des noms des moudjahidine qui se sont sacrifiés pour leur pays. Cette jeunesse qui n´avait jamais eu de repères sur lesquels s´appuyer, s´est tournée alors vers la «harga», phénomène, dit-on, inexplicable mais qui, en vérité, est surtout le fait d´une génération en plein désarroi. L´indépendance ne suffit pas à elle seule à forger le citoyen lorsque fait défaut l´assise essentielle que sont les fondements historiques et identitaires d´une nation. L´école n´a pas contribué, très peu en fait, à familiariser nos enfants avec l´Histoire de leur pays et les faits et gestes de ses héros. C´est cette connaissance tronquée de notre Histoire qui a créé les harraga qui se sentaient sans attaches. C´est en fait cette bouée, qu´est l´identité, qui a fait défaut, à une jeunesse qui ne se trouvait pas, ou plus, en phase avec son pays. Ce socle qu´est l´historicité de la nation,qui, en 2009, regarde vers l´ailleurs sur lequel elle fonde ses espoirs. Qu´avons-nous fait de nos enfants?