N'étant ni le catalyseur ni l'indicateur de l'état de l'économie nationale, la Bourse d'Alger suscite souvent des interrogations sur sa raison d'être. Le dernier Conseil des ministres a examiné et approuvé l'avant-projet de loi relative à la Bourse des valeurs mobilières d'Alger. De nouvelles mesures visant à améliorer le fonctionnement de cette Bourse y ont été arrêtées. Elles consistent en la création d'un dépositaire central des titres, l'encadrement de l'exercice des activités intermédiaires en opération en Bourse et l'octroi du statut d'autorité de régulation du marché des valeurs mobilières à la Commission d'organisation et de surveillance des opération de bourse ( Cosob). Au-delà de ce jargon purement économiste, il faut comprendre que cette nouvelle batterie de mesures tend à combler d'abord le vide juridique relatif au cadre institutionnel du marché des valeurs mobilières et à instituer ensuite de nouvelles règles pour améliorer son fonctionnement et renforcer la transparence des opérations boursières. Autrement dit, ce nouveau dispositif vise à «renforcer la confiance entre l'investisseur et le marché» et créer ainsi les conditions d'un vrai marché financier fondé sur la «culture du risque», ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Créée par décret législatif en 1993 et fonctionnelle depuis 1999, la Bourse d'Alger enregistre depuis lors un très faible rythme d'activité induit par le nombre très réduit des opérateurs au nombre de quatre seulement et qui sont: Saidal, Eriad Sétif, l'hotel Aurassi et un emprunt obligataire de Sonatrach. Il est évident que cela devait se répercuter sur le volume des transaction échangées, et partant, sur la crédibilité de cette institution financière, qui dans d'autres pays, est le véritable baromètre de l'état de santé financière des entreprises, donc de leur réelle valeur et donc de l'état de l'économie nationale d'un pays donné. En Algérie, les activités boursières n'ont pas atteint un stade de développement qui puisse leur donner le rôle de locomotive de l'économie nationale et ce pour des raisons à la fois structurelles, inhérentes à l'évolution de la politique économique poursuivie et au manque de confiance des investisseurs privés nationaux dans cette institution. Faut-il rappeler qu'au départ, et selon ses promoteurs, la Bourse d'Alger était considérée comme devant être un instrument de privatisation? Une liste d'entreprises publiques devant intégrer cet espace a même été dressée par les ministères de tutelle concernés. Mais, de l'avis des responsables de la Bourse d'Alger, la lenteur de l'application du processus de privatisation s'est répercutée directement sur la promotion du marché boursier. D'ailleurs la dernière opération de privatisation par la Bourse remonte à juin 1999 et a concerné l'hôtel El-Aurassi. De même, depuis son lancement le secteur privé national a boudé cette institution et jusqu'à aujourd'hui encore, aucune entreprise privée n'est cotée à la Bourse d'Alger. Tout au contraire, une grande entreprise privée a même évoqué l'idée d'introduire son titre à la...Bourse de Paris. Pour certains analystes au fait des réalités économiques et financières algériennes, ce sont le caractère très familial de nombre de grandes entreprises privées nationales et leur manque de confiance dans certaines institutions nationales qui sont à l'origine de ce peu d'intérêt du secteur privé envers la Bourse d'Alger. Dans ces conditions, plusieurs spécialistes financiers s'interrogent sur la fiabilité et l'utilité de la création d'une telle institution dont le seuil d'activité reste très bas pour en faire une authentique Bourse au sens économique du terme. Cela d'autant qu'on laisse entendre que l'obligation Sonatrach va arriver à échéance le 04 janvier 2003, ce qui réduirait le nombre des entreprises cotées à seulement trois. Voilà pourquoi, intervenant sur ce sujet lors du dernier conseil des ministres, le Président de la République a instruit le gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de redynamiser les activités de la Bourse d'Alger afin de lui conférer la dimension d'un véritable marché de capitaux, capable de mobiliser l'épargne et de pourvoir au financement de l'économie nationale. Mais la Bourse d'Alger a quand même le mérite d'exister dans un pays où il n'y a pas si longtemps en parler seulement était assimilé à une utopie. Il s'agit maintenant de susciter les réflexes appropriés pour faire de cette institution un catalyseur, sinon un baromètre de l'économie nationale.