Le ministre des Finances a présidé, hier, au siège de la Bourse d'Alger, une séance au cours de laquelle le Trésor a procédé à l'inscription à la cotation en Bourse des valeurs du Trésor d'un montant de 145 milliards de dinars sur trois maturités de 7, 10 et 15 ans. Les titres seront négociés par les intervenants habilités au niveau de la Bourse d'Alger, selon le mode de cotation appliqué aux autres titres, à savoir le fixing. Les OAT seront négociées en Bourse à concurrence de trois séances par semaine, les lundi, mardi et mercredi. Une OAT est une obligation assimilable du Trésor. Elle peut être émise à taux fixe sur des durées de 10, 15 et 30 ans ou à taux variables sur des durées de 4 ou 12 ans. L'OAT permet à l'émetteur qu'est le Trésor, de ''relancer l'opération s'il juge que les fonds levés sont insuffisants pour ses besoins de financement", a souligné à la presse le directeur général par intérim de la Bourse d'Alger, M. Mustapha Ferfara, en marge de cette séance de négociation. Il s'agit ainsi, a-t-il ajouté, de contribuer dans ''le renflouement du Trésor pour pouvoir financer les investissements publics" à long terme. Les OAT seront négociées par l'entremise des intermédiaires en opérations de bourse (IOB) et les spécialistes des valeurs du trésor (SVT) à raison de trois séances par semaine (lundi, mardi et mercredi). Ces intervenants, au nombre de sept (7), représentent respectivement les six banques publiques (BNA, BEA, CPA, BDL, BADR et CNEP) et une compagnie d'assurance publique (CAAR). Cette opération a pour objectif de ''donner de la profondeur au marché des valeurs d'Etat et de contribuer et insuffler une nouvelle dynamique à la Bourse d'Alger'', selon le même responsable. Cette opération vise à donner de la profondeur au marché des valeurs d'état, de contribuer et insuffler une nouvelle dynamique à la Bourse d'Alger, selon le ministre des Finances.Cette introduction permettra aux investisseurs et aux particuliers l'accès à ces mêmes valeurs qui constituent un instrument financier répondant à leurs besoins, dans la mesure où ces titres sont liquides et sécurisés. M. Djoudi ajoute que cette introduction s'inscrit dans le cadre des réformes financières initiées par son institution en vue de développer le marché des capitaux. Karim Djoudi a estimé que l'introduction de ces OAT s'inscrit dans ''la réforme du système financier visant, entre autres, à développer le financement de l'économie par le biais du marché des capitaux.'' D'ailleurs, a-t-il considéré, ''ce nouveau produit financier va permettre la redynamisation de la Bourse d'Alger'' laquelle offre ''un champ d'intervention de référence pour les émetteurs et une possibilité pour les souscripteurs (ménages ou entreprises) d'avoir un large portefeuille d'actifs pour pouvoir faire fructifier leur épargne". A ce propos, le ministre a affirmé que la Bourse d'Alger représente "un gisement de titres" offrant une matière négociable de près de 300 milliards de DA actuellement. Interrogé sur une relance de cette Bourse par la privatisation d'entreprises publiques, M. Djoudi a répondu, sans plus de détails, que le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI) réfléchit actuellement sur un dispositif permettant à des entreprises ''de faire appel au marché financier dans le cadre du processus de privatisation". Selon lui, la privatisation d'entreprises par le biais du marché boursier exige un certain nombre de conditions: une entreprise souhaitant ouvrir son capital doit réaliser au moins trois exercices positifs dans son bilan comme elle doit se soumettre à l'obligation de transmettre régulièrement ses informations financières. Quant aux entreprises privées, le ministre a reconnu qu'environ 85% d'entre elles sont des sociétés à responsabilité limitée et à caractère familial, leur posant, ainsi, un problème de leur introduction en bourse. A noter que le manque criant de grandes banques privées et de banques d'affaires bâillonne le secteur des PME-PMI et globalement dégrade l'environnement économique qui est trop dépendant de la rente pétrolière et qui survit à peine lorsqu'il s'agit de domaines non-pétroliers ou non gaziers. De plus, l'état de la Bourse des Valeurs d'Alger suffit a lui seul pour lever le voile sur un secteur privé souvent latent, voire atonique sur certains domaines (services, assurances, banques, conseil, tourisme, industrie de pointe...). En effet, cette Bourse a enregistré une capitalisation dérisoire, s'élevant à 67 millions d'euros, contre 5 milliards d'euros pour la Bourse de Tunis et 61 milliards d'euros pour la Bourse de Casablanca, chiffres illustrant parfaitement le manque de dynamisme de nos institutions par rapport aux deux autres capitales économiques des pays voisins. Aussi, les emprunts obligataires, à l'évidence très utiles pour le financement de grandes entreprises, ont, certes, réanimé la Bourse d'Alger, mais on ne doit jamais perdre de vue que sa vocation première doit rester l'appel à l'actionnariat, notamment en faveur des petits porteurs. La relance du processus de cotation constitue un enjeu capital pour l'investissement et la promotion de l'image de l'Algérie, qui ne saurait être reconnue comme un pays moderne tant qu'il ne disposera pas d'une authentique institution boursière attestant de son ancrage dans un système de marché.