La première chose à relever de l´université d´été de la communauté nationale à l´étranger qui se tient actuellement à Alger est que le moment ne pouvait être plus propice. D´une part, l´hémisphère Nord qui abrite pratiquement tous les Algériens ayant quitté le pays est en récession économique grave contrairement, d´autre part, à l´Algérie qui vit un décollage économique sans précédent dans son histoire. Il est évidemment impossible d´aborder le sujet de notre émigration en quelques lignes tant il est complexe. C´est pourquoi nous choisissons de le «saucissonner» et de nous en tenir, tout comme l´université d´été d´ailleurs, à notre élite, à nos cerveaux qui sont allés exercer leurs talents à l´étranger. C´est une frange de notre émigration qui a ses propres spécificités. Rien à voir avec nos émigrés partis entre les deux guerres ni avec les «harraga» d´aujourd´hui. C´est une frange à qui l´Occident a déroulé le tapis rouge principalement et précisément au moment où notre pays était pris dans un tourbillon dont très peu pouvaient croire qu´il s´en sortirait un jour. Aujourd´hui, c´est l´inverse. C´est l´Algérie qui déroule le tapis rouge à ses enfants vivant dans un Occident qui s´enfonce chaque jour davantage dans le désespoir. Un Occident qui comptabilise des millions et des millions de chômeurs. Un Occident qui «enterre» ses entreprises qui, hier encore, étaient les joyaux à l´origine de sa prospérité. Un Occident qui se débat dans d´inextricables problèmes qu´il ne parvient pas à résoudre pour éviter la déconfiture. Ce qui ne veut pas dire que le marasme économique suffit à lui seul pour décider nos cerveaux à revenir à la maison. Le tapis rouge, la main tendue et l´appel du pays, de leur pays, du pays de tous les Algériens où qu´ils se trouvent, ne suffisent pas non plus. Il faut au moins que soient éliminées les causes principales qui ont présidé au départ de nos compétences. Rappelons-nous comment la fuite des cerveaux a commencé dans notre pays. Comme il est vrai qu´une image vaut mille mots, rappelons-nous l´époque du plein emploi où nos ingénieurs aussitôt leurs études achevées avaient systématiquement leur poste de cadre qui les attendait dans les sociétés nationales. Rappelons-nous combien d´entre eux ont été confinés dans des bureaux avec pour seule tâche de...lire les journaux mis gracieusement à leur disposition. Il est inutile de remuer le couteau dans la plaie pour expliquer pourquoi leurs supérieurs les «neutralisaient» ainsi. Il n´est cependant pas inutile de souligner l´importance et aussi l´urgence de réhabiliter la hiérarchie des valeurs, complètement dénaturée depuis des lustres. Des valeurs où la compétence, la performance et l´innovation doivent être «remises en selle». Pour le reste, il est vrai que le pays renaît de ses cendres. Que l´insécurité des années 90 n´est plus qu´un mauvais souvenir. Que le développement économique est une réalité incontestable. Que la mal-vie recule devant une dynamique politique culturelle et de loisirs qui s´installe en prenant même des chemins insoupçonnés encore, comme le nouveau week-end adopté par le dernier Conseil des ministres. C´est pour continuer dans cette voie de progrès et d´en accélérer le rythme qu´aujourd´hui l´Algérie fait appel à ses enfants qui lui doivent leur savoir. Une Algérie qui est aujourd´hui en mesure de leur offrir un meilleur avenir. Un avenir auquel, cependant, ils doivent contribuer. Nous ne leur apprenons rien. Il nous fallait le dire, c´est tout.