Le «Fatah» mouvement de résistance fondé en 1959 par le défunt Yasser Arafat, joue son destin lors du sixième congrès du parti qui s´ouvre aujourd´hui à Bethlehem en Cisjordanie. Un parti politique qui a perdu de vue ces dernières années sa raison d´être: la libération des territoires occupés et la création d´un Etat palestinien indépendant doté de tous les attributs de la souveraineté. Cet objectif est aujourd´hui plus lointain qu´il ne l´a jamais été alors que le parti du président Abbas, miné par la corruption, s´est embourgeoisé et se complaît à sommeiller sur des lauriers qu´il n´a jamais gagnés. C´est le paradoxe d´un mouvement de libération nationale qui, à l´ombre de l´Autorité autonome palestinienne, s´est mué peu à peu en parti plus préoccupé de consolider un pouvoir sans consistance, en l´absence d´un Etat, Etat dont l´avènement est constamment en recul, sinon remis en cause par Israël. Il est patent que le congrès du Fatah tombe en une période particulièrement délicate pour le mouvement national palestinien traversé par des turbulences et marqué par le bras de fer entre le Fatah et le mouvement de résistance islamique, «Hamas». Opposition dont le résultat est l´avènement de deux entités palestiniennes qui dirigent chacune une partie des territoires palestiniens. Le Hamas qui a gagné les législatives en 2006 a «expulsé» en 2007 le Fatah de la bande de Ghaza qu´il dirige en maître, alors que la Cisjordanie est sous la férule du Fatah. Le parti du président Abbas, par son laxisme et sa permissivité, n´a pas permis l´émergence en son sein de nouveaux hommes capables de refonder le parti et de le remettre sur la voie de la libération des territoires palestiniens et de l´édification de l´Etat de Palestine. Le Fatah, qui a échoué en fait dans la gestion de l´Autorité autonome palestinienne, a également échoué à être plus présent dans les négociations et plus ferme en imposant à ses interlocuteurs israéliens un cahier des charges et des dates butoirs pour le retrait de l´armée d´occupation et la création de l´Etat palestinien. D´où la question: quel bilan va présenter Mahmoud Abbas, président du Fatah et de l´Autorité autonome palestinienne, aux congressistes du Fatah? Quelles avancées a connu, sous sa direction, le dossier palestinien quand, en parallèle, Israël n´a cessé ces dernières années d´élargir les colonies de peuplement en Cisjordanie et d´accélérer la judaïsation d´El Qods, marquant l´échec de la politique de conciliation avec Israël prônée par M.Abbas. Il est patent que le Fatah se trouve aujourd´hui, à l´orée de son sixième congrès, à la croisée des chemins et doit non pas rechercher une stratégie de pouvoir mais trouver la parade aux obstacles que dresse Israël sur le chemin de l´Etat palestinien indépendant. Outre ces défis que doit relever M.Abbas pour recentrer le combat des Palestiniens pour l´indépendance, d´aucuns estiment que le président de l´Autorité palestinienne doit également s´expliquer sur les accusations portées contre lui par l´un des fondateurs du Fatah, Farouk Kaddoumi, selon lequel M.Abbas aurait trempé dans un complot israélien dans l´assassinat du président Arafat. Questions demeurées sans réponse jusqu´ici, depuis la bombe lâchée depuis Tunis par le dinosaure du Fatah. Un Fatah qui, en tout état de cause, se doit de faire, à l´occasion de son premier congrès depuis vingt ans, son examen de conscience et faire le bilan des actions menées pour libérer les territoires palestiniens et créer l´Etat palestinien. Le chemin du retour de la Palestine parmi les Nations est encore long et semé d´embûches!