Les accusations américaines envers l'Arabie Saoudite reprennent de plus belle. L'allié traditionnel des Etats Unis dans la région du Golfe se retrouve une fois de plus objet de dénigrement de la part des commentateurs américains. Cette fois-ci, ils mettent en cause la princesse Haifa Al Fayçal, épouse de l'ambassadeur du royaume saoudien aux USA, Bandar Ben Soltane. Il s'agirait de financement de manière indirecte de deux pilotes kamikazes, Khalil El Midhar et Nawaq El Hamzi, cités parmi les 19 accusés qui auraient participé aux attentats du 11 septembre, et qui auraient été dans l'avion, devant se briser sur le Pentagone. La princesse aurait donc versé des sommes d'argent à Oussama Bassman qui avait des liens avec Omar El Bayoumi qui aurait eu à son tour des liens avec les deux kamikazes. Ce n'est pas fini. Un chèque aurait été encaissé par Bassman au nom d'une femme qui pourrait être l'épouse d'El Bayoumi. Mais il se trouve que El Bayouni avait quitté le territoire des USA avant les événements du 11 septembre. Il était étudiant et bénéficiait d'une bourse de son gouvernement. Cette version des faits a suffi pour soulever un tollé. Des sénateurs se sont emparés aussitôt de l'affaire pour enfoncer le clou. Le démocrate Joseph Lieberman a déclaré à CBS que «le gouvernement doit exiger un rapport du FBI et de la CIA sur ce qu'ils savent sur la connexion saoudienne». Quant au républicain Richard Selby, il suggère que le FBI doit «suivre ces pistes jusqu'au bout, où qu'elles puissent mener». Et d'ajouter: «Si c'est la famille royale, nous devons le faire savoir et le peuple améri- cain doit en être informé.» Un membre de la commission des services armés du Sénat a indiqué que son gouvernement «s'est montré très laxiste dans les efforts visant à faire coopérer les Saoudiens de différentes manières». Pendant qu'un autre sénateur estime que «la plus grande faiblesse de la politique extérieure du président tient à ce qu'il refuse de demander aux Saoudiens de dire clairement dans quel camp ils se placent». Le gouvernement saoudien a relevé le manque de preuves et de préciser que la famille royale est «indignée» par l'affaire et les commentaires qu'elle a soulevés. La princesse a déclaré de son côté: «Je trouve les accusations affirmant que j'ai fourni des fonds aux terroristes du 11 septembre honteuses et totalement irresponsables.» La position de l'Amérique officielle reste mitigée. Par ailleurs, la chaîne ABC a fait état de «soupçons» de la CIA qui pèsent sur 12 banquiers saoudiens qui continuent de fournir des fonds à Oussama Ben Laden et à son réseau. La CIA aurait traqué des sommes énormes qu'ils auraient transférées sur des comptes en Europe, en Afrique et en Asie. ABC a même diffusé un entretien avec le millionnaire Yassine El Kadi, il y a un an, dans lequel il nie avoir envoyé de l'argent à Ben Laden. La liste des douze banquiers a été envoyée aux autorités saoudiennes pour enquête. Située dans son contexte, l'affaire dit de «la princesse saoudienne» intervient au moment où Bush bute sur une réticence arabe. Il cherche des alliés dans la région du Golfe pour attaquer l'Irak comme l'avait fait son père en 1991. Mais les Etats arabes font la sourde oreille à ses appels pressants. L'Arabie saoudite a à maintes reprises rappelé son attachement à la légalité internationale. Rappelons qu'après les attentats du septembre, l'Arabie Saoudite avait été la cible de critiques acerbes émanant des médias et hommes politiques américains parce que Oussama Ben Laden et 15 parmi les 19 kamikazes du 11 septembre étaient Saoudiens.