Ambiguïtés La lune de miel entre l?Arabie saoudite et les Etats-Unis semble bel et bien finie, même si à Washington on souffle le chaud et le froid. L'exécution de l'otage américain Paul Johnson met, une nouvelle fois, à l'épreuve les relations délicates entre Washington et Riyad, mais pourrait aussi se traduire par un renforcement de la coopération entre les deux pays au nom d'un ennemi commun : Al-Qaîda. L'annonce de la mort de l'ingénieur américain s'est accompagnée à Washington d'un mélange de critiques ouvertes ou voilées de l'Arabie saoudite, et d'assurances que Riyad était déterminé à combattre le terrorisme. Le président George W. Bush a affirmé que l'Amérique ne «reculera pas» face au terrorisme, mais, prudent, s'est abstenu de faire référence à l'Arabie saoudite, de même que le vice-président Dick Cheney. Le secrétaire d'Etat Colin Powell s'est, pour sa part, montré positif à l'égard du gouvernement de Riyad, qu'il a «remercié pour ses efforts sans relâche pour M. Johnson». M. Powell a affirmé que ce meurtre «renforce notre détermination commune à vaincre le terrorisme». Les déclarations du candidat démocrate à la présidentielle de novembre, le sénateur John Kerry, et d'autres parlementaires, ont, en revanche, traduit plus ou moins ouvertement la méfiance qui prévaut dans une large partie de la classe politique envers le royaume saoudien. M. Kerry a laissé entendre que la collaboration de Riyad était encore défaillante, en affirmant qu'il était «essentiel que nous ayons la coopération entière du gouvernement saoudien pour traquer ces terroristes et détruire Al-Qaîda». Alliée historique des Etats-Unis au c?ur de la première région pétrolière du monde, l'Arabie saoudite a vu ses liens avec Washington se crisper après les attentats du 11 septembre 2001, dont les auteurs étaient en majorité des Saoudiens. Le chef d'Al-Qaîda, Oussama ben Laden, est, lui aussi, issu d'une puissante famille saoudienne, même s'il a été déchu de sa nationalité. Malgré une forte intensification de la coopération antiterroriste, les relations entre les deux pays restent émaillées de frictions. Riyad a ainsi pris des positions en pointe contre les projets américains de réformes démocratiques au Proche-Orient, vus comme une ingérence occidentale contre-productive pour les efforts de libéralisation locaux. A Washington, les pressions restent fortes sur l'administration pour dénoncer avec plus de fermeté l'absence de liberté religieuse dans le royaume, ou exiger des mesures plus radicales contre les réseaux saoudiens accusés de financer le terrorisme.