Gouverner, c´est prévoir tout en gardant une marge de manoeuvre pour, le cas échéant, rectifier le tir. C´est l´abécédaire même de la politique vous dira le moindre novice. C´est un peu le cas de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Trop simple pour nos hommes politiques, essentiellement ceux qui nous dirigent? Il faut le croire, au regard de la rigidité qu´adoptent uniment les ministres algériens dès que sont remises en cause certaines de leurs décisions qui, mal expliquées ou mal adaptées, affectent ou peuvent affecter l´environnement social du pays. Bien sûr qu´un ministre peut se tromper. Aussi, rectifier une décision erronée le crédibilise davantage que de persister dans l´erreur ou en le prenant de haut. Ce qui n´est guère politique, dans la mesure certes, où le point de vue du citoyen a une quelconque importance pour ceux qui nous dirigent. En 2008, en pleine crise économique mondiale et face au repli des prix du baril de pétrole, le chef du gouvernement, alors, M.Ouyahia, affirmait que l´Algérie est prémunie contre tout impact de la crise ou retour de bâton de la baisse des prix du pétrole. En 2009, la question ne se pose plus et l´Algérie tente d´assurer ses arrières pour ne point trop souffrir des retombées négatives de la dépréciation économique mondiale. Lorsque la pandémie de la grippe porcine est apparue, le ministre de la Santé, M.Barkat a affirmé que notre pays a pris toutes les dispositions pour que la population ne soit pas affectée. Mais le virus A H1N1 est bien là. Certes, seuls vingt-quatre cas ont été jusqu´ici officiellement recensés qui font de l´Algérie l´un des pays les moins touchés. Mais ce satisfecit ne doit pas nous faire baisser la garde, cela montre seulement que les organismes concernés n´ont fait que le travail auquel ils ont été assignés. Donc pas de quoi s´enorgueillir. Il faut surtout rester vigilant! De la même manière, il y a des affirmations du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M.Ghlamallah, à propos du Hadj, en rapport, toujours, avec la pandémie de la grippe porcine qui ne manquent pas de surprendre. Cela d´autant plus que l´Arabie Saoudite, où des décès ont été constatés, a été durement touchée par l´épidémie. Aussi, les mesures à prendre pour protéger les futurs hadji algériens doivent se faire dans la concertation et surtout se demander si le pays a les moyens de contrôler au départ et à l´arrivée les 36.000 hadji qui risquent fort d´être contaminés par le virus A H1N1 au Royaume wahhabite. De fait, beaucoup de pays restent dubitatifs face aux mesures à prendre même si, jusqu´ici, l´Arabie Saoudite n´a pris de décision ni dans un sens ni dans un autre, comme par exemple la réduction drastique du nombre de pèlerins ou carrément l´annulation du Hadj. Aussi, affirmer comme l´a fait M.Ghlamallah que «tous» les postulants algériens, y compris ceux de plus de 65 ans, iront au Hadj, relève, pour ne pas dire plus, de la rhétorique, d´autant que la décision finale ne tient pas uniquement à l´Algérie mais à l´Arabie Saoudite en premier lieu et à l´OCI et à ses 57 Etats membres, surtout. Cela pour dire que la gouvernance ne peut souffrir d´imputations sans appel qui ferment toute porte à la rectification ou même à l´annulation de mesures qui s´avèrent ou pourraient s´avérer à l´usage, inopportunes. Cela, outre le fait que nos ministres ne savent ni communiquer ni admettre s´être trompés estimant que les décisions prises par eux sont irrévocables. Ce qui a fait et fait le dialogue de sourds entre le gouvernement et les syndicats, notamment le premier estimant que tout geste de bonne volonté de sa part peut être assimilé à de la faiblesse. Certes, gouverner, c´est prévoir, c´est aussi écouter ses administrés ou leurs représentants. En fait, c´est cet autisme qui constitue le talon d´Achille des autorités de notre pays.