Avec cette nouvelle configuration économique, voire ce chambardement occasionné par ce qui est appelé communément la «mondialisation» ou encore l'économie de marché, producteurs et consommateurs nourrissent des inquiétudes et des tourments inqualifiables quant à leur avenir qu'ils sentent carrément en péril. Après la fermeture de centaines d'entreprises et le licenciement de milliers de travailleurs en Algérie, tous les concernés, notamment les représentants des travailleurs, n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme en vue de limiter les dégâts. Malheureusement, souvent leurs cris de détresse sont restés sans écho. Alors que l'Ugta essaye désespérément de sauvegarder ce qui reste des entreprises publiques performantes, le privé, qui se trouve pratiquement sur un pied d'égalité avec le public, ne demande pas plus que les moyens nécessaires pour la mise à niveau de son secteur. Sans cela, jamais le producteur national ne pourra faire face à la concurrence farouche des étrangers, notamment avec une économie aussi frêle, aussi vulnérable que la nôtre. D'ailleurs, même dans les pays capitalistes par excellence, l'entrée en vigueur de la nouvelle économie mondiale les a complètement chamboulés. En France, par exemple, qui est notre premier partenaire et peut-être notre premier modèle en la matière, une explosion sociale vient de survenir suite justement à cette privatisation à outrance des secteurs publics. A ce propos, et en plus des routiers qui bloquent depuis quelques jours plusieurs routes en guise de protestation, notons que des milliers de cheminots, des militants des fédérations des transports et des fonctionnaires, ainsi que ceux de la quasi-totalité des fédérations syndicales des postes et des télécommunications et de plusieurs autres secteurs (défense, collectivités territoriales, organismes sociaux), ont manifesté, hier, à Paris pour la défense des services publics, qu'ils jugent menacés par les choix politiques du gouvernement (il s'agit du désengagement progressif de l'Etat de plusieurs missions de service public). Tout comme en Algérie, les syndicats sont fort inquiets pour l'emploi, après l'annonce d'une baisse des effectifs d'un millier en 2002, ainsi que pour les retraites, les salaires et sur l'avenir du service public en général. Le trafic aérien étant également très perturbé à cause de la grève des aiguilleurs du ciel qui ne devra prendre fin que demain. A voir toutes ces manifestations antimondialisation et antiprivatisation dans des pays aussi «bien portants» sur le plan économique (Italie, Allemagne, USA, Canada...), il faut dire que les appréhensions et les inquiétudes des travailleurs et producteurs nationaux, sont, on ne peut plus, justifiées et ne demandent pas plus que de tirer la leçon des expériences des autres, et surtout de consulter tous les partenaires dans les grandes démarches. Les accords avec l'UE ayant déjà été conclus et signés sans les avoir impliqués, les opérateurs économiques, au même titre que les partenaires sociaux, ne veulent plus rester sur la touche, car c'est leur avenir qui est mis en péril. En attendant de trouver une oreille attentive, des milliards continuent de s'envoler à cause des innombrables grèves observées dans les secteurs les plus stratégiques (eau, santé, éducation...).