Le nucléaire iranien continue à faire des vagues et à focaliser efforts et attentions de la «communauté internationale» laquelle, toutes affaires cessantes, estime que l´urgence de l´heure reste encore et toujours cette suspicion qui pèse sur Téhéran accusée de chercher à se doter de l´arme atomique, sous couvert de programme nucléaire civil. Mobilisé autour de ce dossier, l´Occident n´arrive pourtant pas à faire entendre «sa» raison à un Iran têtu - qui s´en tient aux règles du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP, auquel ce pays adhère) - et le faire renoncer à son droit à l´enrichissement de l´uranium. Or, le TNP admet pour tous les pays la recherche expérimentale nucléaire, y compris l´enrichissement de l´uranium, sous réserve de contrôle par l´agence onusienne de sûreté nucléaire (Aiea). L´Iran a reçu, dans ce contexte, ces dernières années, plusieurs visites d´inspection de l´agence de l´ONU sans que celle-ci puisse corroborer les soupçons occidentaux. Donc, jusqu´à preuve du contraire, l´ancienne Perse est de bonne foi quant au pacifisme de son nucléaire. Est-ce suffisant? Indubitablement non, assurent les censeurs de Téhéran qui ne s´estimeront satisfaits que lorsque les sites nucléaires iraniens seront scellés et mis sous leur contrôle, que l´Iran renonce à son droit à l´enrichissement. De fait, c´est cet «enrichissement» qui est au centre de la controverse sur le nucléaire iranien et l´acharnement avec lequel l´Occident tient, coûte que coûte, à arrêter le programme nucléaire mené par ce pays. A tel point qu´il y a eu cette bizarre demande américaine faite à l´Algérie - formulée récemment par le secrétaire d´Etat adjoint chargé du Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, - d´intercession auprès du régime de la République islamique pour que cette dernière abandonne l´enrichissement de son uranium. On peut même se demander si Washington, en l´occurrence, a frappé à la bonne porte en venant solliciter Alger, alors que l´Algérie est elle-même, cycliquement, accusée, au même titre que l´Iran, de vouloir se doter de la bombe atomique. Certes, il n´est plus de saison de démentir de telles affabulations, mais, last but not least, relevons toutefois cette politique à géométrie variable qui juge les pays selon qu´ils entrent ou non dans le profil et carcan imaginés pour eux par l´Occident. Ainsi, Israël peut avoir autant de bombes atomiques qu´il le désire - ce dont il ne se prive pas - perfectionner sa technologie des ADM à sa guise, refuser d´a-dhérer au TNP - passage obligé pour tous les autres pays du monde -, exclure toute inspection de l´Aiea de ses réacteurs nucléaires - inspection incontournable pour des pays comme l´Iran ou l´Algérie - cela n´inquiète pas l´Occident. Ce «petit» pays a le droit de se défendre, n´est-ce pas? Mais que des pays ciblés puissent aussi avoir l´ambition d´accéder au savoir-faire nucléaire, voilà qui est assurément dangereux et doit être prévenu par tous les moyens. Ce que l´Occident fait depuis une décennie pour ce qui est de l´Iran. L ´un de ces moyens est de faire enrichir cet uranium par des pays tiers, occidentaux de préférence. Ainsi, le «projet d´accord» proposé par l´Aiea à Téhéran ferait que l´Iran transfère son uranium à la Russie qui l´enrichira à 19,75% avant de transiter par la France qui en fera des «coeurs nucléaires» utilisables par le réacteur de recherche de Téhéran, sous le strict contrôle de l´Occident. La Russie joue en fait, le rôle de frein en enrayant l´hystérie des capitales occidentales qu´effraie la possibilité par l´Iran de maîtriser, à terme, l´ensemble des phases de la fission nucléaire, fût-elle pacifique et à dessein strictement civile. En fait, ce qu´il faut retenir, est que l´Occident a, une fois pour toutes, mis son veto à l´accès de certains pays - dont l´Algérie et l´Iran - à des vecteurs de la connaissance scientifique et technologique. Ce qui est inacceptable pour n´en pas dire plus.