Après ce qu´ont réalisé les footballeurs algériens tout au long de leur épique épopée, notamment en terre des Pharaons, on se met à rêver à ce que pouvait être l´avenir de l´Algérie, s´il est donné, s´il a été donné, à tous ses fils, singulièrement ceux expatriés, de servir leur patrie sans calcul et loin de toute récupération populiste et politicienne. Ce que les joueurs émigrés algériens ont apporté de plus et de professionnalisme à l´Equipe nationale, les milliers de cadres algériens émigrés à l´étranger peuvent en faire de même dans les secteurs de l´éducation, de la médecine, de l´ingénierie, de l´industrie, de l´agriculture moderne, des médias et de l´information. En un mot dans des secteurs où l´Algérie a pris beaucoup de retard qui pénalise son développement. Ce qui a pu donc être fait par et avec les footballeurs émigrés - y compris ceux disposant de la double nationalité qui ont choisi les couleurs de l´Algérie - peut et doit être renouvelé, sur une autre échelle autrement significative pour le pays, avec nos élites aujourd´hui installées en Europe et en Amérique du Nord en particulier. C´est là un gisement fantastique demeuré en friche, s´il n´a été marginalisé par les pouvoirs publics. Sans revenir sur les circonstances qui ont incité ce personnel qualifié algérien à quitter l´Algérie, il est sans doute patent que donner une suite à l´extraordinaire élan national, induit par la chevauchée des Verts vers le Mondial sud-africain, est devenu incontournable. La joie des Algériens établis aux quatre coins de la planète, témoigne ainsi largement de l´amour de ces citoyens pour leur patrie, pour leurs racines. Il suffit seulement que les pouvoirs publics soient disponibles à écouter et surtout à travailler avec cette diaspora, capable de remettre l´Algérie sur la bonne trajectoire, pour chasser les doutes qui ont paralysé le pays durant des années. Une étude de la revue française Arabies estimait, il y a deux ans, de 400.000 à 500.000 les cadres algériens opérant actuellement à l´étranger. Ainsi, il est indiqué que 7000 médecins généralistes et spécialistes, infirmiers et paramédicaux algériens activent actuellement en France. Ce qui est énorme alors que l´Algérie est confrontée à un manque qui ne lui permet pas de doter ses hôpitaux en personnels qualifiés. L´Algérie est riche de ressources que beaucoup nous envient, elle a des cadres (intra et extra-muros) performants, et pourtant elle n´a pas réussi son développement par son décollage économique et social. La fusion entre les joueurs émigrés et locaux a été une réponse claire et éclatante à ce que peuvent faire des Algériens lorsque n´entrent pas en compte des faits bassement populistes et/ou politiciens. Qu´est-ce qui bloque donc pour que l´Algérie se paie l´invraisemblable luxe d´ignorer, pire, de marginaliser son élite qu´elle soit ici ou établie à l´étranger? Ce n´est pas normal qu´un pays qui a tout pour réussir et devenir le leader arabe et africain et un dragon dans le monde arabe et continental, puisse continuer à stagner dans le sous-développement. «L´union fait la force», affirme la sage maxime. Tous, nous savions que l´Algérie avec ses seuls joueurs du «cru» n´aurait pas fait long feu en qualification de la Coupe du Monde et que c´est l´apport de nos émigrés qui a fait la différence. Tous, nous savons que l´Algérie a peu de chance de décoller et d´accrocher le train du développement si l´on demeure sur le quant-à-soi qui nous a joué de si mauvais tours. De fait, il y a des leçons à tirer de ces jours de fièvre du Mondial qui ont remis l´Algérie sur orbite. Personne ne comprendrait en effet, que les choses restent en l´état et que rien ne vient déranger l´immobilisme qui a gangrené le pays, quand le peuple, la jeunesse singulièrement, a montré combien l´Algérie pouvait engendrer les miracles. Plus que jamais, la balle est dans le camp des décideurs pour capitaliser l´incroyable élan patriotique induit par l´épopée des Fennecs.