«L´Iran est dans une course en avant pour produire des armes nucléaires avec un mépris impudent pour la communauté internationale...Il faut une action dure de la communauté internationale. Cela signifie non pas des sanctions modérées ou amoindries. Cela veut dire des sanctions paralysantes qui doivent être appliquées immédiatement.» Tout être humain normalement constitué aurait pu être sensible à une telle déclaration si elle ne provenait pas d´un Responsable dont le «mépris impudent» pour la communauté internationale n´a rien à envier à celui des Iraniens. Cette déclaration a été prononcée, hier devant des diplomates européens, par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, dont le pays n´a jamais reconnu les résolutions des Nations unies, qui défie la planète tout entière en tuant des milliers de femmes et d´enfants à Ghaza et qui possède un arsenal nucléaire qui échappe à tout contrôle de cette communauté internationale qu´il interpelle aujourd´hui pour intervenir dans un pays tiers. Cette même communauté internationale qui est face à une occasion historique pour prendre au mot le Premier ministre israélien et lui faire accepter le même traitement qu´il réclame contre l´Iran, se met plutôt dans une situation où l´embarras et l´impuissance l´emportent. Israël a peur des missiles de l´Iran. Il n´attaquera donc pas les installations nucléaires iraniennes comme il l´avait fait en Irak et en Syrie. Il cherche à refiler la sale besogne aux autres. C´est ce qu´Israël appelle «des sanctions paralysantes». Les Etats-Unis cherchent un consensus qu´ils ne trouvent pas. La Chine n´est pas d´accord pour des sanctions mais pour la poursuite du dialogue avec l´Iran. Devant le risque d´une déflagration, Obama dépêche son ministre de la Défense, Robert Gates, à Paris, pour refiler «la patate chaude» à Sarkozy. En attendant et devant le refus de l´Occident de lui fournir l´uranium enrichi pour sa centrale de Natanz, l´Iran a commencé, lundi dernier, la production d´uranium enrichi à 20%. Même en le faisant sous la supervision des inspecteurs de l´Agence internationale de l´énergie atomique (Aiea), l´Iran est quand même diabolisé par Israël. Rien d´étonnant en soi quand on sait toute la considération qu´a accordée jusque-là l´Etat hébreu à cette agence et à son rôle de gendarme mondial du nucléaire. Sans être forcément pour la détention de l´arme nucléaire par l´Iran, d´autant que l´air du temps est à la dénucléarisation prônée par Obama et que la Corée du Nord a bien voulu admettre, il est toutefois peu banal de voir Israël perdre de sa superbe devant une menace qu´elle ne peut à elle seule écarter. Ce n´est plus l´opération «Plomb durci». Ce n´est plus des populations sans défense qu´il s´agit d´attaquer sauvagement. Là, il s´agit d´un pays qui a les moyens de sa politique. Qui a les moyens de riposte. Un pays qu´Israël ne pourra jamais attaquer impunément. On appelle comment, ceux qui ne se mesurent qu´avec plus faibles? Sans ces antécédents meurtriers, Netanyahu aurait l´air pathétique dans son appel à l´aide de la communauté internationale. Une communauté dont il ne se rappelle l´existence seulement lorsqu´il est menacé. Jamais pour faire la paix avec les Palestiniens. Une paix pour le monde entier en réalité. Les grands dirigeants de la planète sauront-ils gérer ce dossier dans le bon sens? C´est-à-dire celui des intérêts de l´humanité tout entière. La suite nous le dira!