Triste! Vraiment triste la journée d´hier, censée célébrer dans la joie la Fête du Travail et des Travailleurs. Tel donc aura été le 47e 1er Mai de l´Algérie indépendante. Amer. Où sont donc passés les défilés d´antan du 1er Mai, défilés exubérants et colorés des travailleurs? Qu´est devenue l´ambiance bon enfant qui les accompagnait et faisait le charme d´une journée pas comme les autres? Une journée qui, chaque année, commémorait ponctuellement la Fête du Travail. Rien! Walou! Alger et les autres villes d´Algérie, désertées, ont tout simplement fait l´impasse sur ce qui aurait dû être la journée des retrouvailles entre les travailleurs venus de tous les points du pays et de tous les secteurs du travail: des usines et des ateliers, des fermes agricoles et de la Fonction publique, des travailleurs de la santé et de l´éducation. En fait, cela fait combien d´années que le 1er Mai n´a plus été célébré en Algérie? Tout a été banalisé et cette journée symbolique - qui célèbre la victoire des Travailleurs - n´a plus de signification particulière qui fait que même la Centrale syndicale ne semble pas avoir jugé politique de ressusciter cette flamme née un jour de Mai 1884 aux Etats-Unis. Partout dans le monde, les travailleurs ont célébré hier par force manifestations la Fête du Travail...Sauf en Algérie où cette journée semble être passée par pertes et profits. N´y a-t-il plus en Algérie de travailleurs et ouvriers jaloux de la seule journée qui leur est réservée? La célébration du 1er Mai n´est sans doute pas une obligation, mais l´Algérie peut-elle rester à l´écart d´un mouvement, celui du Travail, qui rassemble chaque année, de par le monde, des millions de travailleurs de toute condition et toute obédience? A l´origine journée de grève pour la revendication de la réduction des heures de travail, le 1er Mai est devenu au fil des ans et des siècles une journée conviviale et sociétale où, outre les travailleurs, les familles se retrouvent pour passer ensemble des moments de détente dans la joie. C´est cette dynamique qui s´est érodée dans notre pays où le peuple a perdu le sens des choses et le sens des réjouissances. Ce qui fait de nos 1er Mai et de nos fêtes nationales des journées tristes, sans âme. L´absence totale de manifestations officielles ou populaires a en fait banalisé une journée qui pourtant sortait de l´ordinaire. Une démission collective - notamment celle des syndicats, premiers concernés par l´organisation des manifestations du 1er Mai - que rien n´explique ni ne justifie. L´Algérie a-t-elle perdu à ce point ses repères, jusqu´à abandonner, les uns après les autres, tout ce qui symbolise son unité et sa pérennité? Ce n´est pas seulement le 1er Mai qui n´est plus célébré, mais les fêtes de la Jeunesse et de l´Indépendance et celles de la Révolution de Novembre ne donnent plus lieu aux manifestations de joie attendues. Ce sont ainsi des pans de notre mémoire collective qui sont escamotés alors qu´ils participent grandement à cimenter l´unité nationale. De même le 1er Mai concourt à l´osmose entre le peuple et les travailleurs. Mais alors où est donc passée la fête du 1er Mai?