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Il y a mort dans comm�moration Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 05 - 2005

Mai, ce n'est pas seulement cette succession d'anniversaires (un petit coucou pour avril, aussi) qui jalonnent le mois des fleurs, celles de la joie, celles des couronnes mortuaires. Mai, c'est aussi le mois des comm�morations, c'est-�-dire de ces dates qui ont acquis un sens collectif. La m�moire des peuples, comme celle des Etats, a des tentations d'oiseaux de proie : elle fond sur le sang. On ne comm�more souvent que le sang qu'on a vers�, ou celui qu'on a fait verser.
L'irr�sistible attrait du vide ! La premi�re comm�moration de ce mois de mai dont je veux vous causer s'est d�roul�e, en fait, en avril. Il s'agit de la disparition de notre ami Ahmed Azzeggagh, le po�te qui conjurait : �Arr�tez de c�l�brer les massacres !�. Ce n'est pas demain la veille, mon cher Ahmed, qu'on �coutera le sublime cri de ton id�alisme pugnace. Mais au moins, quelqu'un a os� �crire ce que tu as pens�. Et ce quelqu'un ne pouvait �tre que toi. Chapeau pour cette musique dissonante ! Comm�morations, donc. 1er mai, f�te du travail : mais qui travaille encore ? Le 1er mai est la f�te du travail, on le sait sans avoir � se fatiguer. Dans notre pays, cette f�te est incolore, inodore, insipide, plate, sans attrait. Un jour anonyme qui glisse sur lui-m�me sans m�me �mettre ce son feutr� de l'�ph�m�ride qu'on arrache. J'ai toujours �t� intrigu� par ceci : pourquoi f�te-t-on le travail en cessant de travailler ? Ne faut-il pas plut�t redoubler d'ardeur au turbin ? Mettre les bouch�es doubles ? Acc�l�rer le rythme, la cadence ? Mouiller le maillot plus que d'habitude ? Faire des volontariats en faveur du reboisement par exemple, comme au temps o� Ben Bella �tait loin d'imaginer que son jubil� arriverait si vite ? Mais, non, on f�te le travail en le fuyant. Ailleurs, des rituels survivent cahin caha. Ici, les d�fil�s h�riss�s de drapeaux et de calicots au ton ferme subsistent. Mais il y a de plus en plus de badauds stationnant sur le trottoir � regarder passer les d�filants que de d�filants passant devant les badauds. Ailleurs, il reste aussi cette mignonne tradition de la vente du muguet. La f�te du travail est une date du calendrier ouvri�riste. L'id�ologie qui promouvait le 1er mai, le communisme, avait une conception noble du travail. Que le bloc socialiste se soit effondr� en emportant dans sa chute nombre de valeurs positives comme l'�ducation au travail est loin d'�tre une victoire pour l'humanit�. Bien au contraire. On est entr� dans un monde f�roce o� le bonheur s'obtient par les crocs. Du temps de Boumediene (d�cid�ment, il aura marqu� ce pays, celui-l� !), le 1er mai avait un semblant de sens. L'id�ologie de simili socialisme d�frich�e � la pointe des ba�onnettes alors en vogue avait pour pendant une hypertrophie syndicale comme excroissance du parti unique. Mais puisque le syndicat �tait unique et qu'il avait une si grande importance, autant le vouer � quelque chose de grandiose. La Centrale �tait devenue un comit� des f�tes. Elle pr�parait le d�fil� du 1er mai. J'exag�re un tantinet, sans doute. Dans l'inapparent, le dissimul�, l'invisible, il se passait des choses. Des syndicalistes honn�tes et de talent, il y en a eu, m�me dans l'unique (la Centrale syndicale, pas l'autre). Des luttes pour la dignit� du travailleur, on peut en compter par dizaines de milliers. Des hommes qui avaient le respect du travail et du travailleur, et qui se sont battus pour le faire valoir, il y en a aussi. Mais, pour l'essentiel, le pouvoir politique ne favorisait le travail que comme valeur sonore, sans aucune chance de prolongement sur le terrain. Aujourd'hui, c'est encore pire. Que peut vouloir dire la f�te du travail dans un pays o� ce dicton perfide est entr� dans le langage commun : �Il n'y a que les �nes qui travaillent � ? L'atmosph�re instaur�e par l'�conomie de bazar incite � gagner le maximum de fric en se foulant le moins. Du coup, on ne parle des gens qui travaillent, — qui travaillent vraiment, qui font plus que la moyenne de 37 minutes par jour que nous a calcul�e l'Organisation internationale du travail —, comme de pauvres estropi�s sociaux. Les travailleurs, les salari�s sont consid�r�s comme une cat�gorie frapp�e d'une infirmit� cong�nitale : celle de ne pas avoir les bras assez longs pour s'en servir autrement que pour le travail ! Pourtant, � cause pr�cis�ment de ce m�pris ambiant pour le travail et le travailleur, le 1er mai devrait redevenir un moment de solidarit� entre les laiss�s-pour-compte de la distribution du g�teau et un moment de lutte pour rappeler cette �vidence simple : le travail est un sport complet qui fait plus de bien que la pr�dation. 3 mai, journ�e internationale de la libert� de la presse : Benchicou, o� sont donc tes copains ? On a dit et redit, ici, et parfois ailleurs, combien l'incarc�ration de Mohamed Benchicou, directeur du Matin, est loin d'�tre � la gloire du pouvoir. On a dit comment cette affaire illustre l'instrumentalisation de la justice � des fins politiques et l'atteinte � une valeur universelle de la d�mocratie pay�e de leur sang par plus de 70 journalistes assassin�s. On a dit l'arbitraire avec lequel a �t� conduite cette affaire et le manque total de hauteur dont a fait preuve la justice en refusant la libert� provisoire � un d�tenu malade. On a dit que le harc�lement judiciaire contre la presse doit cesser. On a dit surtout que les d�lits de presse doivent �tre d�p�nalis�s. Mais en regard de la faiblesse de la mobilisation autour des expressions de cet enjeu qu'est la libert� de la presse, j'ai envie de mettre les pieds dans le plat, vraiment dans le plat — qui n'est pas, on s'en doute, l'assiett�e de lentilles dont on doit nourrir le d�tenu d'El Harrach —, en poussant ce cri de col�re. Je veux dire ce que l'incarc�ration de Benchicou r�v�le non pas des turpitudes politiques du pouvoir mais des petits ruisseaux de l�chet� qui feront bient�t, si on n'y prenait garde, le fleuve de l'indignit�, celui du l�chage total de Benchicou et de la libert� de la presse par la corporation et par les copains, d'abord ceux du Matin. Alors que Benchicou est en taule depuis bient�t un an et quelques irr�ductibles essayent encore de le faire savoir, o� sont pass�es toutes ces plumes acerbes qui, au Matin et ailleurs, rivalisaient d'ardeur caustique dans une surench�re du vitriol ? Dans quelle tranch�e sont terr�s ces h�ros du superlatif fatal qui n'auraient jamais r�alis� leurs prouesses sans le courage du directeur du Matin? O� sont tout simplement ceux � qui il a donn� l'hospitalit� des colonnes de son journal ? O� �tes-vous donc ? On ne peut s'�tonner qu'une affaire aussi grave que l'incarc�ration du directeur d'un des journaux les plus importants de la presse ind�pendante mobilise si peu sans s'�tonner que dans ce peu, il y a encore si peu des principaux concern�s. Voil�, ce que je voulais dire � propos de la libert� de la presse : balayons aussi devant nos portes. 8 mai : le massacre des massacres. L'ambassadeur de FranceAlger se rend � S�tif et reconna�t, soixante ans apr�s, l'�tendue du massacre dont ont �t� victimes les Alg�riens. Et pourquoi pas Chirac � Alger pour parachever cet te reconnaissance ? La France recouvre une m�moire paradoxale de son pass� colonial. Pendant que le pl�nipotentiaire fran�ais engage l'Etat de son pays sur cette voie, l'Assembl�e nationale fran�aise, elle, vote une loi qui prescrit que l'on enseigne les bienfaits de la colonisation dans les �tablissements scolaires. Cette loi suscite la col�re de nombreux historiens et enseignants qui s'opposent d'abord � ce que le l�gislateur dicte aux profs ce qu'ils doivent enseigner et soutiennent, ensuite, que cette enfilade de massacres et d'in�galit�s qu'est la colonisation soit pr�sent�e comme une œuvre de civilisateur. Le pass� colonial de la France se superpose � des enjeux politiques du pr�sent. C'est pourquoi on observe ces paradoxes. Il en est de m�me en Alg�rie. Le pouvoir continue � se l�gitimer par le sang vers�. �La famille r�volutionnaire� ne semble pas avoir d�vor� tout le g�teau p�tri dans la mythologie productiviste de l'h�ro�sme. Il est bien vrai que l'histoire est �crite par les vainqueurs. Ils sont au pouvoir, ils ne dictent pas l'histoire : ils l'�dictent. Il n'emp�che que le massacre du 8 mai est une v�ritable trag�die et un moment d�cisif de l'histoire de notre peuple. A dater de l�, il �tait clair que le colonialisme n'�tait pas dispos� � �couter les dol�ances pacifiques des colonis�s. La lutte arm�e devenait la seule issue pour sortir de cette impasse de l'Histoire qu'est le syst�me colonial. 26 mai, souvenir de Djaout. Le 26 mai 1993, un tueur est aux aguets sur le parking d'une cit� de Ba�nem. Il tire trois balles dans la t�te de Tahar Djaout et c'est tout un pays qui �tale sur le bitume sa mati�re grise et la sensibilit� de sa jeunesse. Douze ans apr�s, il est question de concorde nationale. Au nom de la paix, on efface tout et on recommence. Mais dans ce qu'on efface, il y a justement cette blessure qui nous est constitutive et dans ce qu'on recommence, il n'y a de place que pour ceux qui nous ont inflig� cette blessure. Il y en a qui devraient rougir !

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