Quitte à priver l´opinion publique d´autres sujets d´actualité certainement plus intéressants pour elle, notre attention sera portée sur la presse. C´est-à-dire sur nous-mêmes. L´alibi? Aujourd´hui nous sommes le 3 mai. C´est la Journée mondiale de la liberté de la presse. Eh oui! la liberté de la presse a sa journée tout comme l´arbre ou celle de l´eau! Disons que c´est une façon de marquer une halte. De rappeler une exigence. Celle de la liberté de la presse est indissociable de cette autre exigence mondiale qu´est la démocratie. Elle en est le support indispensable. Dans les deux on retrouve la liberté d´opinion et son expression. Toutes deux participent du pluralisme. Avec comme finalité pour la presse, le libre choix de sa ligne éditoriale. A ne pas confondre avec l´objectivité, la neutralité et autres mythes du même goût. D´ailleurs, la dernière illustration nous est donnée par la presse britannique. Le quotidien Le Guardian a, depuis toujours, soutenu les travaillistes. Samedi dernier il change «son fusil d´épaule» et décide de manière brutale de «rouler» dorénavant pour les libéraux-démocrates. C´est-à-dire qu´il passe du jour au lendemain de la gauche à la droite. Le Times semble atteint par la même «bougeotte» puisqu´il annonce qu´il va soutenir les conservateurs alors qu´il était jusque-là du centre-droit. Un autre hebdomadaire, The Economist les suit et passe du parti travailliste au parti conservateur. C´est la liberté de la presse à l´occidentale. Changer de position politique comme on change de chemise. En réalité, droite, gauche, centre-droit, centre gauche, travailliste, conservateur, etc. sont autant d´étiquettes périmées. Ce sont les personnalités qui comptent et non plus l´idéologie qu´ils représentent. C´est Gordon Brown, l´actuel Premier ministre, qu´il s´agit d´écarter. On assiste au même phénomène en France après l´arrivée de Sarkozy au pouvoir. Des personnalités de gauche qui passent à droite. Des personnalités de droite se positionnent contre Sarkozy, patron de la droite. Voilà comment se présente la liberté de la presse dans les pays qui lui ont donné naissance. Et chez nous, qu´en est-il? En même temps que la démocratie, la liberté de la presse a été décrétée en 1989. Voilà donc plus de vingt années que la presse en Algérie s´exprime en toute liberté. Des journaux critiquent jusqu´à l´outrance le pouvoir. Une outrance qui avait quitté un moment le champ politique pour s´en aller «flâner» du côté de la diffamation. La justice s´en est mêlée et progressivement tout est rentré dans l´ordre. Enfin, presque. Au-delà de la professionnalisation, ce qui manque à notre presse aujourd´hui, c´est la tolérance et le respect de l´opinion de l´autre. Ce qui manque aussi, c´est le combat d´idées. Seulement des idées. Or, une fâcheuse tendance tend à faire croire que la presse partisane n´est que celle qui est ouvertement publiée par des partis politiques. Alors que celle-ci a le mérite de la clarté, alors que tous les journaux du monde sont partisans. Ce qui implique la critique mais aussi et surtout l´alternative. L´exemple britannique cité plus haut est tombé à point nommé. La seule avancée notable enregistrée jusque-là chez nous, est ce passage de presse «indépendante» à presse privée. Ce qui est déjà plus honnête. C´est aussi un signe de progrès. Petit à petit, on rattrapera bien un jour Le Guardian, Le Times et toute la presse occidentale.