Jeune P-DG des cafés Nizière, Rachid Boukari a su reprendre une marque centenaire pour redonner le goût du bon café à l?ancienne au consommateur algérien. Normal pour cet homme toujours en quête de la perfection, qu?il tient de sa pratique d?un art martial : le karaté. Sa passion pour le football l?a amené à soutenir à 100% la sélection nationale lors de la CAN, avant le début de la compétition, alors que personne n?osait parier sur les Verts. Un risque qu?il ne regrette pas aujourd?hui. Et maintenant, il a l?intention de sponsoriser un club de l?élite. Portrait épatant du producteur d?un breuvage excitant. InfoSoir : Comment a été fondée Nizière ? Rachid Boukari : Je dois dire que je fais partie d?une famille qui travaillait dans l?agroalimentaire déjà en 1930. Puis, à l?indépendance du pays, il y a eu le monopole. Les importations étaient interdites et comme nous faisions dans les céréales, on ne pouvant pas obtenir ce qu?on voulait vraiment. Alors on s?est reconverti dans le textile. Puis, avec l?ouverture économique, on est revenu à l?agroalimentaire et en particulier au café. Nous avons acheté la marque Nizière et aujourd?hui elle nous appartient à 100 %. Nizière, c?était déjà le café à l?ancienne? Oui, justement et c?est pour cela que, lors de la relance en 1998, nous avons axé notre plan de communication sur les personnes âgées de 45 à 50 ans, car cette catégorie d?Algériens a connu Nizière et garde la marque gravée dans son inconscient. Je ne pouvais pas dire aux moins jeunes que Nizière existait déjà car ils ne connaissaient pas cette marque. D?ailleurs c?est pour cela que dans notre spot publicitaire, nous avons introduit des plans en noir et blanc ainsi que des séquences en couleurs. Pour quel message ? Pour dire que Nizière avait un siècle d?existence et qu?on avait repris la fabrication traditionnelle du café avec des machines modernes, une nouvelle technologie et un emballage adapté à notre temps. Le café Nizière est plus connu sous l?appellation de café du Lion, en référence à votre logo... A la création de Nizière, les gens étaient en majorité analphabètes. Alors, quand ils voulaient acheter du café, ils reconnaissaient la marque surtout au logo qui représente un lion. Et c?est pour cela que Nizière est devenu, dans le langage populaire, le café du Lion. Il y a certains concurrents qui utilisent aussi un lion comme logo. Cela n?a-t-il pas créé de confusion ? Non. C?est un torréfacteur qui a repris le logo du lion, mais il n?a ni la même forme, ni la même couleur, ni le même principe. En tout cas, la concurrence semble impitoyable vu que l?Algérie est un gros consommateur de café... Le café, en Algérie, c?est comme le pain ou le sucre. Ce n?est pas et cela n?a jamais été un produit de luxe. C?est une boisson de première nécessité en Algérie. Evidemment, il y a de nombreux concurrents, mais je crois que le marché est saturé et fermé. Selon vous, quels sont ceux qui parviennent à se maintenir ? Je pense que dans les cinq années à venir, ceux qui feront du café de bonne qualité pourront survivre. Que signifient exactement les termes Arabica et Robusta ? Arabica et Robusta désignent uniquement des qualités de café. Par exemple, en Europe on consomme plus d?Arabica qui, d?ailleurs, coûte plus cher que le Robusta. Arabica a-t-il quelque chose à voir avec les Arabes ? Non, ça n?a rien à voir, mais toujours est-il que le café a été découvert au Yémen. En fait, c?est un berger qui avait remarqué que lorsque ses moutons consommaient les feuilles d?un arbuste, ils étaient excités. Alors, il en a cueilli et les a consommées lui-même dans de l?eau chaude. Il en a apprécié le goût, l?arôme et la saveur. Cet arbuste était un caféier. Plus tard, ce sont les Anglais qui ont repris à leur compte cette découverte et ont rendu cette boisson universelle, à travers l?empire britannique d?abord, puis dans le monde entier. Peut-on dire que Nizière est le numéro «un» du café en Algérie ? Ce serait un petit peu prétentieux de ma part, mais je pense pouvoir dire que nous sommes parmi les premiers. Etes-vous d?accord avec ceux qui affirment que le café est une drogue ? Oui, le café est un peu comme la cigarette, il entraîne un phénomène d?accoutumance. Je crois que cette affirmation s?explique par l?existence de caféine dans le café et cette substance a le même effet que la nicotine sur l?organisme. Certains prennent dix tasses de café par jour et même plus. Cela dit, c?est comme pour tout, l?abus peut être dangereux. Combien de tasses de café buvez-vous par jour ? Pas plus de deux ou trois tasses par jour, mais il faut savoir que le café a des propriétés intéressantes. Il stimule, il réveille et il aide à la digestion. Même les sportifs en consomment pour sa propriété de dopant naturel. En outre, son arôme et son goût font de lui un moment de plaisir incomparable. Vous avez profité de la CAN pour affirmer, à travers des publicités, que Nizière était à 100% avec l?EN, une sélection que l?on voyait éliminée dès le premier tour... D?abord, en tant que chef d?entreprise, il faut savoir prendre des risques. Ensuite, nous sommes des Algériens et nous avons tous l?esprit nationaliste. Même si on ne possède pas la meilleure sélection du monde, cela n?empêche pas d?espérer ou de rêver. Que l?on perde ou que l?on gagne, l?important c?est d?être toujours derrière l?EN et de la soutenir, surtout dans les moments difficiles. Finalement, le fait que l?Algérie ait surpris agréablement a-t-il été une aubaine pour vous ? Oui, c?est vrai. Mais d?un autre côté, j?ai toujours aimé le sport et c?est pour cela que j?ai voulu affirmer le soutien de «Nizière» à notre sélection. Avez-vous pratiqué une discipline sportive ? Oui, le handball et l?athlétisme au lycée, mais surtout le karaté qui est un art martial où on apprend la recherche de la perfection ; c?est aussi une qualité que doit avoir tout entrepreneur. Malheureusement, je n?ai pas pu poursuivre dans cette voie, car les études m?ont pris tout mon temps par la suite. Etes-vous intéressé par le sponsoring sportif ? Oui, énormément. Et je peux vous dire que je vais sponsoriser une jeune athlète algérienne. Par ailleurs, j?aimerais bien sponsoriser un club de l?élite. Avez-vous une préférence ? Non, pas tellement. C?est vrai que je suis un supporter de la JSK depuis mon plus jeune âge, mais comme je suis aussi Algérois, j?aime bien aussi l?USMA et le CRB. Cela dit, je n?ai pas envie de sponsoriser pour sponsoriser. Je suis avant tout un chef d?entreprise et il faudrait que cette opération me rapporte sur le plan commercial. Tous les clubs de l?élite méritent-ils d?être sponsorisés ? Eh bien non, justement. A l?heure actuelle, je ne vois que l?USMA et la JSK. Les autres clubs n?ont pas encore compris que seuls le sérieux, l?organisation et le travail payent. Il faudrait que les dirigeants des autres formations comprennent qu?il faut se préparer au sponsoring et ils ne peuvent y parvenir que par le travail. A l?avenir, verra-t-on la marque Nizière complètement impliquée dans le sport ? Oui, car après les médias lourds et la presse écrite, notre plan de communication sera dirigé vers le sport, et en particulier vers le football, car outre mon souhait de sponsoriser un club, j?ai l?intention de louer des panneaux publicitaires à l?intérieur des stades. Quelle image de Nizière souhaitez-vous transmettre au public ? L?image d?une entreprise dynamique, qui aime l?Algérie et qui ne cesse de monter. Si vous aviez un seul message à délivrer, quel serait-il ? «Ne pas tromper le consommateur», telle est ma devise. Pour conclure, quel est le joueur algérien qui vous a le plus impressionné lors de cette CAN ? Incontestablement Hocine Achiou. Son exemple prouve que l?Algérie recèle de très bons joueurs. Il faudrait juste consacrer des moyens suffisants pour la prospection et la formation des jeunes. Express - Nizière ? La progression à 100% - L?EN ? Elle nous a agréablement surpris - Saâdane ? Un bon entraîneur - Achiou ? La révélation - Ronaldo ? Un grand joueur - La JSK ? Mon club favori - Gaouaoui ? Le successeur de Cerbah - L?Entv ? Un partenaire commerial - Réghaïa ? Une commune pauvre - Zidane ? L?enfant prodige