Il faut avoir du culot bien français pour faire semblant de s´apitoyer, un 8 mai, sur le sort de la femme en Algérie. C´est ce culot-là qu´a le quotidien français Libération en titrant dans son édition d´hier: «En Algérie, la femme est un sous-citoyen.» L´article qui suit est un véritable déluge de larmes de crocodile sur «le sort réservé aux femmes vivant seules à Hassi Messaoud». Il faut avoir en effet, du culot à revendre pour que nous viennent des leçons de morale du pays qui a le plus oppressé les Algériennes et les Algériens, un siècle et demi durant. Question: si la femme algérienne est aujourd´hui «un sous-citoyen», quel statut avait-elle pendant l´occupation française? En avait-elle seulement un? A l´évidence, il faut revoir la culture des journalistes de ce quotidien. Il faut leur faire lire le code de l´indigénat que leur pays appliquait sans distinction pour les hommes et les femmes, les enfants et les personnes âgées dont le seul «tort» était d´être algériens. Il faut leur faire lire, et c´est l´occasion en ce 8 mai, les déclarations racistes d´un Bugeaud, les écrits d´officiers français qui se vantaient d´enfumer les Arabes, il faut leur faire lire toutes les saletés commises par les Français contre tout un peuple. Il faut leur faire lire ce qu´ont fait les Français un certain 8 mai 1945 contre les Algériens, qu´ils soient hommes ou femmes. Il faut leur renvoyer leur image de racistes à la face en leur rappelant qu´ils désignaient les Algériennes, toutes les Algériennes de «fatma». Et les Algériens, tous les Algériens de «moukhâamed». Quand ce n´était pas les «bicots», les «melons» et autres noms d´oiseaux. C´est le pays qui se vante d´être celui des droits de l´homme qui a pratiqué la pire politique de l´apartheid en Algérie avant l´apartheid. C´est ce même pays qui ose aujourd´hui parler de «sous-citoyen». A ces Français pathologiquement atteints et incurables, nous disons que les Algériens et les Algériennes vivent, aujourd´hui, la tête haute. Libres et indépendants. Les anciens pieds-noirs, qui revisitent l´Algérie, sont tous frappés par le nombre de femmes algériennes au volant de leur voiture. Jamais, au grand jamais, ils n´avaient pensé, à l´époque, qu´un jour, la «fatma» s´émanciperait à ce point. La «fatma» est aujourd´hui médecin, enseignante, avocate, ministre. Il faut que les Français aient le courage de se regarder un jour dans la glace. L´Algérie, aujourd´hui, se porte bien mieux qu´à l´époque de l´Algérie de papa. Les Algériens et les Algériennes n´ont rien à envier à personne. La perfection n´étant pas de ce monde, ils doivent travailler pour parfaire encore et encore leurs conditions de vie. Libération devrait aller voir les «sous-citoyens» français qui vivent dans la précarité la plus effarante. Il n´y a pas que les SDF. Des familles entières dans l´Hexagone vivent dans le désarroi total sous le coup de l´expulsion, de l´endettement et du chômage. Nous nous connaissons si bien que «le cri» de Libération ne nous surprend guère. Il nous rappelle le fameux «toi Moukhamed tu n´es pas un arabe comme les autres!». Le discours du renard au corbeau. De la même veine que celui du crocodile et ses larmes. La comédie peut se poursuivre en France, la manip ne prend plus en Algérie.