L´ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, a annoncé, mercredi dernier, avoir été «chargé par le président Nicolas Sarkozy d´une mission sur la coopération économique entre la France et l´Algérie». Il devra, selon lui, «identifier et lever les obstacles entre la France et l´Algérie». De plus, la lettre de mission que lui a confiée le président français précise que «les entreprises françaises opérant en Algérie rencontrent des difficultés qui nécessitent un accompagnement extérieur». Et d´ajouter qu´il s´agira de «montrer à nos partenaires algériens comme à nos entreprises la volonté de la France d´apporter un soutien concret à notre présence en Algérie». Voilà la mission de Raffarin bien cadrée. D´abord, il y a lieu de constater que ce n´est pas l´Elysée qui a rendu publique l´information. C´est Raffarin qui s´est chargé de publier un communiqué. Si l´on ajoute l´absence de date pour la visite annoncée on comprend mieux la démarche. Les relations d´Etat à Etat auraient voulu que soit privilégiée la voie diplomatique, or les relations entre les deux pays étant ce qu´elles sont, il n´est pas évident que la mission Raffarin puisse être différente de celles des personnalités françaises dépêchées avant lui et qui ont été reçues en audiences de courtoisie. Donc, l´Elysée préfère laisser Raffarin agir seul. Ceci dit, il faut noter que Raffarin n´en est pas à sa première feuille de mission délivrée par l´Elysée. Il y eut celle qui faisait de lui le représentant personnel du chef de l´Etat pour la francophonie en 2009 sans grand résultat sur le regroupement linguistique. Il y eut juste après la délicate mission pour Raffarin de retaper les relations franco-chinoises qui avaient pris un sérieux coup après l´audience accordée par Sarkozy au dalaï-lama. Là non plus le miracle ne s´est pas produit. Et voilà le pauvre Raffarin chargé encore une fois d´une mission quasiment impossible. Si les relations entre la France et l´Algérie ont toujours été marquées par le poids de l´histoire, il faut dire que l´arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy les a particulièrement alourdies. Les plus récents dossiers, après la mise au placard du traité d´amitié, que sont l´affaire du diplomate algérien Hasseni injustement arrêté et l´affaire des otages français au Sahel sans oublier la taxe carbone et la mise de l´Algérie sur la liste noire des pays à risques, etc. On a l´impression et pas seulement l´impression que Sarkozy n´a pour seul souci que de créer le plus possible de dossiers qui fâchent entre la France et l´Algérie. Qu´aujourd´hui Raffarin soit chargé par lui du seul dossier des relations économiques entre les deux pays, relève du surréalisme politique. Raffarin peut-il sérieusement réussir là où les dizaines de missions du Medef n´ont été en fait que leurre? Par contre, les observateurs les plus avertis s´accordent à expliquer la mission Raffarin par la perte d´efficacité et donc par la mise à l´écart des relais français en Algérie à qui, dans une vie antérieure pas très lointaine, revenait ce genre de mission. Avec cette mission, Raffarin risque de collectionner les échecs après la francophonie et la Chine. Quoi qu´il en soit, Raffarin ou pas, les relations France-Algérie ne sont et ne seront jamais «saucissonnables».