C´est la question qui peut se poser en marge de la série de scrutins qui marqueront le continent dans les prochaines semaines et mois. Hier déjà, Ivoiriens et Nigériens étaient conviés à leur devoir civique pour l´élection, pour les premiers, de leur président, quand les seconds étaient appelés à approuver par référendum la nouvelle Constitution. En fait, ces deux scrutins sont vitaux pour la Côte d´Ivoire et le Niger qui souhaitent ainsi dépasser les crises et blocages qui ont entravé le développement de leurs sociétés. C´est du moins l´aspiration que formulent, uniment, Ivoiriens et Nigériens qui attendent de ce scrutin qu´il mette un terme aux crises nées de turbulences qui ont marqué d´une manière plus ou moins violente, la Côte d´Ivoire et le Niger ces dernières années. Aussi, l´espoir était-il, hier, de mise pour les peuples ivoirien et nigérien qui font voeux de voir leurs pays sortir de l´impasse où les a fourvoyés la mal-gouvernance. Le président élu de la Côte d´Ivoire et la nouvelles Loi fondamentale du Niger doivent ainsi participer au retour de la paix et de la stabilité dans ces deux pays. Toutefois, une élection était-elle suffisante par elle-même - à rendre, effectivement, aux peuples le pouvoir confisqué par les castes? - quand les enjeux sont autrement plus importants pour le devenir de pays gangrenés par la corruption, la mal-gouvernance et autres fléaux qui ont largement contribué à mettre l´Afrique en marge du développement universel? C´est la lutte pour le pouvoir qui a fait que la Côte d´Ivoire attend depuis cinq ans l´organisation d´un scrutin qui butta sur des impératifs qui n´étaient pas toujours ceux de la nation ivoirienne. Il en est de même pour le Niger quand le président Tandja, évincé en février dernier par un coup d´Etat militaire, a fait du pays une sorte de bien personnel qu´il gouvernait à sa guise, ne tenant pas compte des limitations qu´imposait la Constitution de son pays. Si le problème ne se pose pas en ces termes en Côte d´Ivoire et au Niger, de fait, la question de la passation de pouvoir en Afrique est devenue un embarras récurrent dès lors que nous assistons à l´émergence de dynasties familiales que l´élection (l´an dernier) de Ali Ben Bongo à la magistrature suprême de son pays, le Gabon n´a fait que confirmer sinon accentuer. Dès lors, le développement du continent est devenu, au bout du compte, aléatoire quand les dirigeants perdent, peu à peu, de leur crédibilité auprès des instances internationales, avec tout le tort que cela suppose, pas seulement pour eux, mais surtout pour l´Afrique. Aussi, la lutte pour le(s) pouvoir(s) est-elle acharnée, souvent sans merci, comme l´ont montré les «tergiversations» qui ont bloqué durant cinq longues années la Côte d´Ivoire, en stand-by et sans réelle autorité responsable. Le mandat du président sortant, Laurent Gbagbo, s´est ainsi achevé en 2005, sans qu´il ait été possible d´organiser un scrutin pour pourvoir à la vacance de pouvoir. Cela n´est pas cependant propre à la seule Côte d´Ivoire, lorsque la majorité des chefs d´Etat africains s´incrustent à leurs postes. Ce qui fait de l´Afrique le continent qui a le plus grand nombre de présidents «au long cours». Un record dont, à l´évidence, l´Afrique n´a pas à en tirer fierté! D´autant plus que cela a un impact direct sur la bonne gouvernance, la démocratie, les droits de l´homme et toutes les libertés qui font le citoyen. Il est patent qu´un scrutin n´est pas signifiant par lui-même, si ceux qui postulent à gouverner n´ont pas le sens de l´Etat ou quand les règles, que le pays se donne, ne sont pas appliquées. Sans doute les deux à la fois. C´est là, en fait, tout le drame de l´Afrique, encore et toujours otage de «l´homme» providentiel.