La CEDEAO a donné le la : elle suspend le Niger de ses instances. Mais sera-t-elle suivie ? Près de 6 millions de Nigériens étaient appelés, mardi, à choisir 113 députés. Pour le moment, il n'y a pas de taux de participation officiel mais, selon l'opposition et des observateurs, il n'y a pas eu de bousculades et le scrutin s'est déroulé dans le calme. Le scrutin était boycotté par l'opposition qui depuis des mois dénonce un coup d'Etat constitutionnel du président Mamadou Tandja. Et les élections se sont tenues en dépit des appels de la communauté internationale à un report du scrutin, samedi dernier, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest réunie en sommet, avait demandé au président Tandja de reporter sine die les législatives, faute de quoi la CEDEAO appliquerait immédiatement et automatiquement des sanctions. Les élections ont eu lieu, les sanctions vont tomber. Selon le communiqué du président nigérian, président de la CEDEAO, l'organisation sous-régionale ne reconnaîtra pas le résultat de ce scrutin et les autorités nigériennes n'assisteront plus aux sommets de chefs d'Etat et aux réunions ministérielles de la CEDEAO. Mais les chefs d'Etat de la sous-région laissent encore une chance au président Tanja de ne pas s'isoler définitivement. Un médiateur a été nommé. Les acteurs politiques nigériens sont invités à participer à une réunion consultative le 30 octobre prochain, à Abuja. Pour l'opposition, c'est offrir une planche de salut à l'autocrate du Niger d'autant plus que, résume le président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, la participation très faible au scrutin est en soi un fiasco pour le régime de Niamey et qu'il faille tirer les conséquences que son pouvoir est illégitime. L'opposition dit s'attendre logiquement, après les décisions de la CEDAEO, à une avalanche de sanctions à l'encontre de Tandja. L'Union africaine et l'Union européenne devraient suivre l'organisation ouest-africaine dans cette voie. Ce qui n'est pas très sûr. Tandja n'est pas disposé à lâcher le pouvoir. Le Président nigérien a en effet prolongé son mandat jusqu'en 2012 dans la nouvelle Constitution. Selon la précédente constitution, il devait partir en décembre, après deux mandats. Le temps de préparer son fils à la succession.