Les Sud-Soudanais sont appelés, à partir d´aujourd´hui (et jusqu´au 15 janvier), à se prononcer par référendum sur leur avenir et à choisir entre l´unité avec le Nord ou la séparation. Le doute ne subsiste plus toutefois sur le choix que feront les Soudanais du Sud: ce sera l´indépendance et donc le partage. Il est patent que cette issue, le partage, devenue inéluctable dès lors que les composantes de ce territoire ne se sentaient plus en osmose, constitue en fait, un grand tournant pour l´Afrique. Bien sûr, dans les conditions qui sont celles du Soudan, se séparer devient sans doute la bonne décision. C´est ce qui va se passer selon toute vraisemblance au Soudan qui se réveillera au lendemain du référendum nanti de deux entités, appelées désormais, à faire leur chemin séparément n´ayant pu l´accomplir en commun. Même les Nordistes se sont rendus à l´évidence que l´issue du référendum ne saurait être autre que le partage et la séparation à l´amiable. Ceci dit, il est patent de relever que cette nouvelle expérience africaine, sans doute, verra la naissance d´un 55e Etat africain. Il est important de noter que, contrairement à ce que disent des médias inter-nationaux, il y a actuellement 54 Etats en Afrique et non 53: la Rasd (le Sahara occidental) membre fondateur de l´Union africaine en est le 53e, le Maroc, non membre de l´UA, étant le 54e) Cela pose nombre de questionnements, dont le moindre est encore de savoir ce qui va se passer dans les pays confrontés au même problème que le Soudan. Or, ce référendum sud-soudanais, très médiatisé et fortement pris en charge par la «communauté internationale» semble devoir faire un sort au principe fondateur de l´Afrique moderne: l´intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le continent noir en a fait son credo, axant ses efforts sur l´harmonie territoriale des pays africains, maintenant vaille que vaille l´unité d´une mosaïque de peuples vivant sous la même bannière. La question n´est pas de dire ici si c´était la politique à faire ou non, mais de se demander, maintenant que les dès sont jetés, ce que seront les éventuelles retombées du référendum sud-soudanais sur le futur de nombreux pays africains face aux revendications séparatistes. De fait, le référendum, qui aura lieu aujourd´hui au Soudan, a eu un précédent et n´est donc pas le premier par lequel des peuples africains ont été appelés à s´exprimer sur leur devenir. Il y a eu un précédent, quelque peu oublié, celui de l´archipel des Comores, lors duquel les Comoriens eurent à choisir entre l´indépendance et la France. Si trois îles ont choisi la séparation avec l´ancienne puissance coloniale, Mayotte, en revanche, a curieusement préféré rester au sein de la République française. C´était le 22 décembre 1974. Se prévalant de la Charte de l´OUA (confirmée à Durban en 2002) l´Union africaine considère Mayotte comme territoire occupé et ne reconnaît donc pas la séparation. D´ailleurs, cette défection de Mayotte a été un élément déstabilisateur pour les Comores et l´Afrique. Or, le cas du Soudan est symbolique du fait de son unité territoriale et de la diversité de sa population. Profil que l´on retrouve dans maints pays en butte à des guerres civiles récurrentes (c´est le cas de la RDC, -Nord-Kivu-, de l´Angola - Cabinda- encore le Soudan -Darfour- où des guerres sévissent depuis de nombreuses années) dont les séparatistes seraient tentés de demander à bénéficier du même référendum d´autodétermination qu´organise aujourd´hui le Sud-Soudan. Ce sont donc les fondamentaux de l´intangibilité des frontières africaines que le référendum soudanais remet en cause. Pour peu que les problèmes auxquels font face ces pays africains ne soient pas sérieusement pris en charge, il y a lieu de craindre l´implosion de l´Afrique en une multitude de petits Etats sans moyens ni perspectives fiables. En conséquence, ce référendum apparaît comme un tournant et un cas d´école pour l´Afrique.