La Cadc a lancé un appel aux détenus pour cesser leur grève de la faim et «laisser la rue agir». Face à l'intransigeance du ministère de l'Intérieur qui a interdit toute manifestation politique depuis la fameuse marche du 14 juin 2001, les animateurs du mouvement citoyen semblent déterminés à réinvestir l'espace public algérois, le 10 décembre prochain, pour se faire entendre et surtout pour capitaliser toute la mobilisation consentie ces derniers temps en faveur des détenus. L'on se rappelle tous les échecs récoltés par le passé, lorsque les premiers carrés ont été bloqués à Naciria sur la RN12 reliant Tizi Ouzou à Alger. Et il n'est pas exclu de revoir ce scénario se répéter mardi prochain. En mettant les bouchées doubles pour le soutien des détenus, les ârchs ont déjà préparé une série d'actions de réserve en cas d'interdiction d'accès à Alger dont les plus illustres sont le blocage des principaux axes routiers et l'obstruction de la voie ferrée Est-Ouest au niveau de Bouira. En parallèle, un appel est lancé en direction des sympathisants du mouvement en Europe pour une manifestation semblable à celle prévue à Alger devant le siège de l'Union européenne au rond-point Schuman à Bruxelles, pour célébrer la Journée mondiale de la proclamation des droits de l'Homme. En attendant, les ârchs ont marqué la journée de l'Aïd par un rassemblement avec enchaînement symbolique devant la maison d'arrêt de Tizi Ouzou sous une pluie battante. Au même moment, la présidence tournante de la Cadc a lancé un appel aux détenus pour cesser leur grève de la faim et «laisser la rue agir». Et pour couronner le tout, le rituel rassemblement devant le tribunal aura lieu aujourd'hui, pour rappeler que la mobilisation à l'égard des délégués est toujours de mise. Toutefois, au-delà de toute cette agitation affichée par communiqué et presse interposés, les ârchs semblent plus que jamais à la croisée des chemins. Ainsi, outre la «répression», la lassitude et le désintéressement de la rue, le mouvement citoyen fait face aujourd'hui à la volonté d'hégémonie partisane. Le dernier épisode signé RCD et les autres tentatives du MAK nous renseignent amplement sur l'infiltration et la manipulation partisanes dénoncées, mais pas du tout endiguées par les délégués.