c'est le pourrissement qui semble s'installer dans la durée. Après d'intenses activités en faveur des détenus grévistes, rien n'indique une quelconque évolution de la situation dans les prochains jours. Bien au contraire, c'est le pourrissement qui semble s'installer dans la durée. D'un côté comme de l'autre, on campe sur ses positions. Si les pouvoirs publics continuent à observer un mutisme total par rapport au cas des détenus, les ârchs, de leur côté, semblent toujours favoriser la pression de rue, quand bien même celle-ci ne mobiliserait plus. Après une série de marches, grèves et blocages de routes, les structures du mouvement citoyen se donnent un temps de repos avant de partir de plus belle à l'occasion des marches synchronisées prévues pour le 12 janvier, premier jour de l'an berbère. Ces jours-ci, on assiste plutôt aux rencontres de concertation et de préparation d'actions d'envergure. Après la Cadc qui a décidé de suspendre la grève illimitée, c'est au tour, de la Cicb de se réunir aujourd'hui à Semaoui pour évaluer l'efficacité des actions initiées en ce début de mois et préparer les prochaines manifestations. Si la décision de suspension de la grève illimitée prise par la coordination de Tizi Ouzou cache mal les appréhensions nées essentiellement du reflux en matière de mobilisation, la Cicb aura, de son côté, à relever un bilan des plus négatifs. L'issue, qu'avaient connue les manifestations, ont engendré plus d'arrestations et de blessés sur fond de mobilisation qui n'est plus celle d'autrefois. Ayant été au centre des préoccupations des ârchs et de la société civile et politique, les détenus grévistes de la faim à Tizi Ouzou semblent plus que jamais déterminés à aller jusqu'au bout de leur action, fort dangereuse. C'est en tout cas, un constat valable pour Belaïd Abrika et deux de ses camarades qui refusent toujours de surseoir à leur ultime recours et ce, en dépit de nombreux appels lancés de part et d'autre. Au 36e jour de grève, l'état de santé des grévistes de la faim suscite des inquiétudes. Les signes alarmants qu'ils présentent à chaque visite ne sont pas sans accroître la peur. Même si trois délégués ont mis fin à l'action à la suite de la dégradation de leur santé, il n'en demeure pas moins que la volonté d'une éventuelle reprise existe. A Béjaïa, la même inquiétude se fait sentir. Les délégués détenus, qui observent, depuis huit jours, une grève de la faim en soutien à leurs camarades de Tizi Ouzou, font preuve de la même détermination et commencent pour certains, à ressentir les effets d'une dégradation de santé. C'est le cas notamment, de Herkane Mourad, contraint de rompre sa grève à la suite de son hospitalisation. Le maintien donc des détenus en prison et la dégradation de leur état de santé suscitent un élan de solidarité de plus en plus large. Des voix se sont élevées contre «les abus dont seraient victimes les grévistes». D'autres, à l'image de la Centrale syndicale, expriment leur solidarité avec le mouvement citoyen en appelant «les pouvoirs publics à prendre des mesures d'apaisement significatives pour éviter la dérive». La pétition initiée par les citoyens pour interpeller l'opinion nationale et internationale sur le sort des grévistes qui risquent de laisser leur vie ne cesse de s'allonger. Des avocats, des hommes politiques, des députés apportent leur soutien. Sur le terrain, les ârchs tentent de maintenir la pression en vue de l'élargissement des détenus et de la satisfaction des revendications. Aujourd'hui, la situation est telle que l'urgence d'une solution est plus que jamais nécessaire pour dégeler le conflit et rendre espoir à une population désabusée qui n'aspire qu'à vivre en paix. Bref, c'est l'impatience.