Des parents de martyrs, des avocats du collectif de la défense ainsi que des parents de détenus ont affiché, hier, un grand soulagement, après la décision des détenus grévistes de la faim de surseoir à leur action entamée le 3 décembre dernier, donc après 42 jours. “Nous avions désespéré de les voir arrêter leur grève de la faim”, nous a déclaré Moumouh Abrika, frère de Belaïd, en nous rappelant que chaque semaine, lors de la visite à la prison, sa famille l'implorait de cesser sa grève de la faim, le menaçant même, mardi dernier (jour de visite) d'entreprendre une grève de la faim s'il ne mettait pas un terme à la sienne. “C'est un grand soulagement car connaissant la détermination de mon frère, je craignais le pire”. Le même “ouf !” de soulagement a été constaté parmi les parents des martyrs, tels Akkouche Boualem et Guermah Khaled. Ce dernier nous dira : “J'ai souhaité rencontrer les détenus avec les autres parents de victimes mais le procureur général a refusé de nous recevoir deux fois, pour leur parler et les supplier d'arrêter leur action, car c'est à un pouvoir dictateur que nous avons à faire et il n'attend que leur mort”. Grand soulagement aussi chez Me Lila Hadj-Arab, membre du collectif de la défense, qui avait suggéré à Abrika et à ses compagnons de cesser l'action, au même titre que les délégués de la CADC. “Nous saluons leur geste. Ils ont cessé leur action en répondant aux sollicitations de toute la population. Nous avons besoin d'eux avec toutes leurs forces, même à l'intérieur de la prison”, nous a confié Mohand Saïdouni, délégué de Aïn Zaouïa avant que Hocine Mammeri de Larbaâ Nath Irathen et Mohand Markitou n'enchaînent : “Nous saluons leur courage et leur engagement. Le fait de mettre un terme à leur grève de la faim ne signifie nullement un manque d'engagement, mais ils ont compris qu'il y a eu assez de morts au nom de l'Etat et que la population a besoin d'eux pour qu'ils poursuivent le combat à ses côtés”. K. S. Déclaration de Mokrane Aït Larbi Aujourd'hui 13 janvier 2003, les détenus d'opinion Belaïd Abrika, Tahar Allik, Rachid Allouache, Mouloud Chebheb, Liès Makhlouf et Mohamed Nekkah ont décidé d'arrêter la grève de la faim entamée le 3 décembre dernier. Ces militants viennent de faire preuve de leur sens de responsabilité. Malgré la gravité de leur état de santé, ils gardent leur lucidité. Nous devons tous leur rendre un grand hommage et nous féliciter de cette décision sage, responsable et sereine. Par ailleurs, les 42 jours de grève de la faim ont démontré encore une fois le courage des grévistes et l'irresponsabilité des dirigeants. En effet, comment laisser des détenus d'opinion en grève de la faim pendant toute cette durée sans chercher à connaître les raisons de cette grève ni ses conséquences pour la région et la nation si l'un des grévistes trouvait la mort dans sa cellule ? Pour le ministre de l'Intérieur, et il n'est pas le seul, l'unique preuve d'une grève de la faim est la mort. Je dénonce énergiquement les conditions de détention de ces militants ainsi que le silence des pouvoirs publics, et appelle une nouvelle fois le ministre de la Justice, le Chef du gouvernement et le président de la République pour la libération immédiate et sans conditions de tous les détenus du mouvement des archs. Je renouvelle mon appel aux ONG, militants des droits de l'Homme et l'Ordre des avocats ainsi que la population pour manifester leur solidarité avec ces détenus et exiger leur libération.