Nous sommes loin des années 70 où le franc français valait moins que le dinar. Le taux de change du dinar au 31 décembre 2001 était plus de 77, 82 DA pour un dollar. La loi de finances pour 2003 prévoit un change de 80 DA pour un dollar. Nous sommes loin des années 70 où le franc français parvenait à à peine à acheter 1 DA. Après une équivalence difficilement maintenue début 80 le dinar a néanmoins amorcé sa décente aux enfers en 1986 en accusant une forte dévaluation suite au choc pétrolier de 1986, année où le baril de brut était bradé à 9 $. La chute spectaculaire du dinar n'a, depuis, pas connu de frein au grand dam des Algériens qui virent leur niveau de vie baisser dramatiquement. La dégringolade du dinar se poursuivait de plus belle, en 1995, avec l'arrivée d'Ouyahia qui comme ses prédécesseurs, Hamrouche et Ghozali, se devait de respecter les clauses signées avec les instances financières internationales. Cette même année, l'Algérie entame un nouveau round de négociations pour un deuxième accord, la FFE, ou facilité de financement élargie, qui ouvrait la voie à de profondes réformes structurelles de l'économie algérienne pour une transition vers l'économie de marché. Il s'agit alors de signer un nouvel accord d'ajustement structurel étalé sur trois ans. En contrepartie de la poursuite des réformes entamées en avril 1994, Alger se verrait octroyer un prêt global de 1,5 milliard de dollars, soit une somme sensiblement égale à celle que le FMI avait débloquée une année auparavant lors de la signature de l'accord dit «stand-by» ou transitoire. En fait pour équilibrer ses comptes et relancer son économie, l'Algérie ne pouvait se passer du soutien du Fonds. Le gouvernement algérien devait donc mettre en place une série de réformes structurelles. Le dinar devait être ainsi à nouveau dévalué, de manière à le rapprocher de sa valeur sur le marché parallèle. Rappelons que la dévaluation du dinar n'a pas manqué de susciter des polémiques puisque des économistes relèvent que «l'Algérie n'est pas encore en mesure d'exporter d'autres produits que les hydrocarbures. Une dévaluation sert à doper les exportations mais n'a que de très petits effets positifs dans le cas d'un pays où toutes les ressources extérieures proviennent de la vente du gaz et du pétrole» Autre reproche adressé au premier plan, la mise en place d'une convertibilité commerciale partielle du dinar. Pour la première fois depuis l'indépendance, le privé a pu convertir des dinars. Une mesure qui a ravi le FMI et la Banque mondiale mais qui n'a pas fait l'unanimité du fait que «tout le monde n'a pas été servi». La décision de libérer le commerce extérieur et de poursuivre la mise en place de la convertibilité du dinar et leur corollaire: la nouvelle dévaluation, ne sont pas également sans provoquer une levée de boucliers. «Pour l'accès aux devises les entreprises productives doivent être prioritaires de même que pour les promoteurs de projets industriels. On doit donner le temps à l'outil productif de redémarrer avant d'ouvrir les vannes des importations», invoque-t-on. Entre 1998 et 1999 le dinar a tout de même connu une relative stabilité certainement engendrée par le confortable matelas en devises généré par la vente des hydrocarbures: 22 milliards de $ de réserves de change. Néanmoins cela n'a pas eu de conséquences notables sur la parité du dinar qui est restée inchangée. Car au moment où notre économie nationale reste aux prises avec les multiples voies de réformes engagées, le dinar algérien se cherche toujours une valeur - la vraie - balancée entre le cours officiel et celui, informel du marché. Si au niveau des banques, sa dépréciation n'est pas très significative, le dinar connaît en revanche sur le marché parallèle, une plongée autrement aiguë, par rapport à la monnaie européenne notamment. Actuellement au change parallèle, 1 euro s'échange à 100 DA alors qu'il était à 69 DA au taux officiel. Une telle fluctuation démontre l'écart progressif et rapide entre deux valeurs de la même monnaie, le dinar et ce, sur deux marchés cohabitant, presque naturellement, dans la sphère commerciale algérienne. Ce phénomène, qui frappe notre monnaie c'est-à-dire la flambée soudaine et persistante des devises étrangères au détriment du dinar, s'explique par la demande d'opérateurs sur la devise et qui porte sur des sommes faramineuses, eu égard à leurs besoins considérables et réguliers. L'effet produit se ressent directement par le renchérissement des devises étrangères soumises, du coup, à la loi de l'offre et de la demande. Ainsi plus la tendance à l'importation induite par la levée des barrières douanières plus la devise étrangère flambe, en réaction. Des observateurs laissent entendre que le dinar pourrait encore être dévalué de 2 à 5 % courant janvier 2003. La dévaluation annoncée du dinar paraît infiniment moins angoissante, l'objectif étant de profiter des équilibres macroéconomiques actuels pour réduire la masse monétaire en circulation sur le marché informel-évaluée à 400 milliards de dinars soit près de 5 milliards de USD -et se rapprocher de la valeur réelle de la monnaie nationale, mieux exprimée par les cours du marché noir.