La loi de finances pour 2008, qui est entrée en vigueur depuis le premier du mois courant, a été établie sur la base d'un produit intérieur brut estimé à 6 863 milliards de dinars, une croissance économique globale de 5,8%, une progression de 6,8% des recettes hors hydrocarbures, une inflation de 3%, un taux de change de 72 DA pour un dollar et un prix de référence du baril de pétrole à 19 dollars. Cependant, l'ossature de la loi de finances 2008 porte, essentiellement, sur la politique de soutien de l'Etat aux divers secteurs, à savoir le volet social, l'éducation, le chômage et le logement. Elle prévoit, également, une batterie de dispositifs aidant à la relance de l'investissement et l'émergence de pôles d'investissements productifs dans les régions enclavées.La loi de finances 2008 prévoit également de nouvelles mesures de réduction de la pression fiscale et d'encouragement de l'activité économique. Toutefois, le cadrage macroéconomique de ce projet de loi n'a pas fondamentalement changé, comparativement à celui des lois de finances précédentes, en raison de la stabilité macroéconomique et financière qui caractérise le pays depuis plusieurs années. C'est du moins ce qu'a déclaré, hier, le vice-président du Conseil économique et social (Cnes), Mustapha Mekidèche, qui était l'invité de l'émission "en toute franchise" de la Chaîne III de la Radio nationale. Mekidèche a plaidé pour des instruments budgétaires modernes et a formellement conseillé de revoir le mode de calcul de la loi de finances pour relancer et conduire l'économie du pays. Mekidèche a souligné que l'un des grands ratages de la loi de finances 2008 reste le rejet par le Parlement de l'augmentation du prix du gasoil. Le ministre de l'Energie et des Mines, a en effet, proposé de fixer des taxes sur le mazout, lors de l'élaboration de la loi de finances 2008, mais ce projet a été rejeté par les députés. Selon Mekidèche, le nombre de véhicules à moteur diesel importés ne cesse d'augmenter depuis 1995, et il a atteint un taux de 31,3 % sur les 3,4 millions de voitures qui constituaient le parc national jusqu'en 2006. "Nous sommes à 25% de diésélisation, la demande va encore augmenter, et si nous continuons à ce rythme, nous allons épuiser rapidement nos ressources", dira-t-il. Sans oublier les effets négatifs que peut engendrer l'utilisation de ce mazout et qui nuit gravement à l'environnement, contrairement à l'essence sans plomb. En plus, dira Mekidèche, les frais de réparation d'un véhicule fonctionnant au mazout sont plus élevés que pour un véhicule roulant à l'essence, de même que le prix d'acquisition d'une voiture chez un concessionnaire est plus élevé quand il s'agit d'un véhicule diesel. Parmi les nouveautés de la loi de finances pour 2008 figure, notamment, le réaménagement du système de calcul de l'IRG qui a relevé le seuil des revenus non soumis à cet impôt de 60.000 DA à 120.000 DA par an. A ce sujet, Mekidèche a souligné que les plus bas salaires sont les plus bénéficiaires, car "ils ne sont pas assujettis à cette taxe, et cela témoigne de la bonne volonté de l'Etat à soutenir et valoriser le pouvoir d'achat des Algériens, même si ça coûte cher au Trésor public". Concernant les bonifications des taux d'intérêt sur les crédits d'investissement, une mesure qui, attendue par les entrepreneurs et investisseurs et qui permet d'encourager les investissements dans notre pays, Mekidèche a affirmé que celles-ci étaient la bienvenue, du fait que le secteur industriel en Algérie est en train de décaler. "Ces dispositions permettent à nos entreprises de maintenir leurs positions ou de les élargir. Toutefois, les taux demeurent plus au moins élevés pour attirer des investissements importants". Concernant les bonifications des taux d'intérêt des prêts accordés par les banques aux fonctionnaires pour l'acquisition d'un logement, ainsi que la non-cession des logements sociaux cédés à leurs occupants pendant une période qui ne saurait être inférieure à 10 ans, Mekidèche dira que ces dispositions sont un plus dans la mesure où elles permettent de stopper la spéculation, notamment dans la capitale où on a enregistré une bulle immobilière ces dernières années.Pour finir, le vice-président du Cnes a félicité la position de l'Algérie, concernant la politique salariale, qui selon lui, permet de maîtriser l'inflation qui est actuellement à 3,4%. Il souhaite, toutefois, que cette augmentation des revenus soit contractuelle dans les entreprises pour une meilleure productivité.