Le terrorisme n'a plus de «djihad» à vendre, mais de la misère sociale à acheter. L'arrestation d'un terroriste, jugé dangereux, le 30 novembre dernier et le démantèlement en cours d'un réseau logistique alimentent à profusion les conversations des Kassraouis. Selon des sources concordantes, c'est au moment où ce terroriste rôdait au quartier Mokhtari que les forces de sécurité l'ont capturé et récupéré son arme alors que deux de ses acolytes (certains disent trois) ont réussi à prendre la fuite à la faveur de la nuit. La présence de ce terroriste au coeur de Ksar El-Boukhari vient confirmer l'existence d'une base de soutien logistique locale qu'il est, pour le moment, prématuré d'évaluer le nombre, la consistance, l'étendue des ramifications et le degré de complicité. Sur ce coup de filet accueilli avec un grand soulagement par la population, chacun y va de sa version, mais tous les avis semblent converger vers une pègre réputée pour trafic de stupéfiants et recyclée dans le terrorisme après l'arrestation d'un membre du groupe il y a deux années. Il était difficile de ne pas voir derrière ces terroristes, tous originaires de la ville, un appui logistique à un moment où des mouvements suspects étaient signalés à la Cité du marché, au Vieux-Ksar, à Zaouia et à Mokhtari. Les anciens circuits de Sayah Attia et Djeriba. Cela étant, l'intervention des forces de sécurité confirme l'efficacité des forces combinées dans la lutte antiterroriste. Cette combinaison ne manquera pas de remonter toute la filière logistique locale qui tentait de réactiver le «djihad» des bandits. L'information certes, ne s'est pas encore confirmée, mais on parle d'une véritable toile d'araignée vraisemblablement chargée du refuge, de l'argent, de la nourriture et du renseignement. Pour rappel, le terroriste capturé faisait partie du groupe de Ksar El-Boukhari (une dizaine d'individus) sous la férule de l'émir M'hamed Houti, originaire de Boghar, se déplaçant avec une trentaine d'éléments à travers les massifs forestiers de Ouled Antar-Changoura-Mongorno. Les attentats du ramadan renseignent sur la «tactique des essaims» du Gspd qui tend à épouser la logique et l'ancien fief du GIA. C'est-à-dire des réseaux immergés et éparpillés de par les cités urbaines et reliés par des logiques de soutien ou d'allégeance plutôt que en concentration dans les maquis. Une organisation étroitement pyramidale articulée sur un second cercle étanche difficile à percer ou à noyauter. Les connexions entre le banditisme et le terrorisme sont-elles en train de se confirmer? De toute évidence, les cavaliers de l'apocalypse n'ont plus de «djihad» à vendre, mais de la misère sociale à acheter. Et là, les autorités civiles (APC et daïra) ont une responsabilité à assumer dans une ville où l'eau, l'électricité, le chômage, le logement et l'aridité culturelle couvent un baril de poudre.