La manifestation intervient au lendemain d'un autre échec du mouvement citoyen. C'est aujourd'hui à 13h que la société civile d'Akbou marquera son entrée sur la scène de la contestation non pas pour mettre en avant des revendications purement politiques, comme il était de coutume, mais pour plutôt dénoncer «la dégradation de la situation sécuritaire et la détérioration du cadre de vie». Après avoir marqué son indifférence quasi totale à la chose politique, la société civile, appelée communément la majorité silencieuse, sort de sa réserve pour défendre sa quiétude et son bien-être. En effet, à l'initiative de pas moins de six coordinations syndicales affiliées au Syndicat d'entreprise de l'éducation (Sete) et avec le soutien de nombreuses associations de parents d'élèves et de personnalités, la ville d'Akbou vivra aujourd'hui au rythme d'une manifestation très significative en terme de portée. L'insécurité caractérisée au quotidien par des actes de violence, qui mettent en émoi le commun de mortels, reste l'élément qui continue à mobiliser les citoyens. La goutte qui a fait déborder le vase reste incontestablement l'assassinat d'une jeune lycéenne, Chafaâ Hamadache, en plein jour. Ce meurtre avait provoqué colère et indignation qui se transformèrent rapidement en contestation sur le terrain, chez une population qui n'admet plus la situation alarmante qui caractérise son quotidien. La marche silencieuse, qui s'ébranlera de Guendouza où résidait la défunte, est accréditée par les observateurs de «résistance». La procession humaine s'arrêtera ensuite sur les lieux du drame où une minute de silence sera observée et une gerbe de fleurs déposée. La marche prendra fin au siège de la daïra où une déclaration sera remise au chef de daïra. Le choix de porter la revendication à une représentation étatique dénote, si besoin est, l'absence de l'Etat qui s'est traduite par un contexte des plus délétères perdant depuis deux années. Les acteurs sociaux ne sont pas en reste puisqu'ils sont accusés de «démission» devant la menace qui pèse «sur les fondements de la société». La manifestation d'aujourd'hui, que d'aucuns qualifient de «courageuse» car marquant concrètement «le déphasage» qui existe entre elle et ceux qui prétendent la représenter, intervient au lendemain d'un autre échec des ârchs. Le rassemblement de soutien aux détenus que la CIC Béjaïa devait organiser devant le tribunal, n'a pas eu lieu faute de participants. Les observateurs ne s'étaient guère montrés surpris par cet état de fait eu égard à la démobilisation et à l'indifférence qu'observe la population depuis quelque temps aux démonstrations de rue des coordinations du mouvement citoyen. Notons enfin que la manifestation d'aujourd'hui a eu le soutien de nombreuses personnalités politiques de la région tout comme la section FFS d'Akbou qui, dans une déclaration parvenue à notre bureau, s'est déclarée partie prenante de cette marche à laquelle elle apporte son soutien. Nous y reviendrons.