Une mémorable prise de bec a eu lieu dimanche soir entre les deux hommes. La rupture était plus que prévisible. Trop d'électricité et de tension étaient dans l'air, dimanche, à l'hôtel El-Aurassi. Non seulement la conférence de presse conjointe entre Temmar et Sidi-Saïd n'a pas eu lieu, mais ce dernier a fini par claquer la porte vers 18h 30 en refusant à l'avenir de traiter avec le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement, revendiquant dans l'immédiat une bipartite afin de n'avoir plus affaire qu'avec le Chef du gouvernement. En attendant, la bipartite, qui devait se tenir vers la fin de ce mois, sur insistance de Ali Benflis lui-même, autour de la Fonction publique et des corps communs, est reportée. Tout porte à croire que nous nous acheminons vers une tripartite exceptionnelle après la conférence sociale et économique attendue dans les semaines à venir. Temmar, dans sa démarche, évite soigneusement de faire appel aux institutions financières internationales. Le ministre, dans le point de presse animé dimanche à l'hôtel El-Aurassi en marge de sa rencontre avec le patron de la centrale Ugta, le ministre avait mis en exergue «les trop nombreuses contraintes imposées tant par le FMI que par la Banque mondiale contre toute aide financière destinée à des pays émergents comme l'Algérie». Hamid Temmar est allé encore plus loin en précisant que «la mondialisation implique trop de revers à notre pays même s'il n'y a pas moyen d'y échapper, hormis celui de s'y adapter le mieux et de limiter au maximum les dégâts». Il a aussi vivement préconisé un dialogue avec l'ensemble des partenaires sociaux, quitte à ce que cela se fasse à l'échelon de l'entreprise elle-même, sans la moindre interférence directe de la part du ministère. Ce discours tranche nettement avec ce qu'a toujours déclaré ce ministre depuis son arrivée, en 99, à la tête de l'ancien ministère de la Participation et de la Coordination des réformes. Une époque durant laquelle Temmar tenait absolument à se faire appeler ministre de la Privatisation. Ce n'est sans doute pas un hasard si le ministre en charge de cet épineux dossier a tenu à impliquer publiquement le Président Bouteflika. L'Ugta reste tout de même hostile à la démarche de Temmar même si l'ensemble des concessions faites par lui sont incluses dans la série de revendications initialement formulées par la Centrale. Qui, par la voix de son secrétaire général, en veut plus. Abdelmadjid Sidi Saïd reproche notamment aux douze gouvernements successifs auxquels il a eu affaire leur «manque de visibilité». Selon la Centrale, rejointe en cela par la majorité des organisations patronales et même des responsables des anciens holdings censés se trouver sous la coupe directe de Hamid Temmar, il faut définir de concert une stratégie commune dans les plus brefs délais. Décidément, le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement a eu beau lâcher du lest, il ne donne pas l'air d'être seul contre tous.