ce sont le rêve, l'espoir, la liberté qui se dégagent de cette pièce d'une écriture très dépouillée. Cette nouvelle écrite dans les années 70 par Tahar Ouettar et qui avait fait grand bruit à l'époque, dénonçant une politique du parti unique fort contestable, est encore d'actualité aujourd'hui. Adaptée par M'hamed Benguettaf et mise en scène par Ziani Cherif Ayad dans le cadre des productions du commissariat général de l'Année de l'Algérie en France, cette pièce se produit actuellement au TNA. Merveilleusement interprétée par la grande Sonia à la voix prodigieuse, au timbre résonnant comme la mémoire qui martèle les tympans; jouée par Taha El Amiri, Hamid Remas, Boualem Bennani pour annoncer la nouvelle à tous les gens du village. Et autour de ce rêve se tisse notre histoire. L'histoire d'une «mise à nu» de la société algérienne du moment «confrontée, coup sur coup, à une double dépossession, celle de l'immense espoir né de l'indépendance puis celle de l'étouffement des libertés». A travers donc le personnage de ammi El Abed, excité à l'idée de revoir son cher fils, trop tôt enlevé aux siens, qui court dans tous les sens avertir ses voisins, on assiste à divers comportements de son entourage: voisins, amis et chefs, qui, chacun selon sa position, voit d'un mauvais oeil ce retour des martyrs...Ces voisins y voient une perturbation de l'ordre des choses, un danger pour ses intérêts matériels, qui exige un «certificat légalisé auprès de l'APC »...autant de soucis, de problèmes. Omar Zebdi, Ali Djebara et le reste du groupe ont ébloui et enchanté le public venu en force les applaudir. Cette pièce théâtrale a ravivé des souvenirs chez certains, ranimé la mémoire dormante chez d'autres et impressionné les plus jeunes, sans souvenirs du passé, mais, néanmoins, conscients de la triste réalité de l'époque. Dans un texte très simple, mais lourd de sens, ce sont le rêve, l'espoir, la liberté qui s'en dégagent. Par l'histoire d'un père meurtri, abattu par la mort de son fils, mort en chahid pour que vive l'Algérie. C'est toute l'histoire d'un peuple qui est racontée. Visité dans son rêve par son fils qui lui promet de revenir au village avec tous ses compagnons de lutte, ce père, ammi El Abed, rempli de joie, court pour dire que ce retour est impossible, inconcevable et remuerait trop de choses...mieux vaut que les choses restent inchangées...ils ont combattu, ils sont morts en martyrs, en héros...qu'on en reste là, n'en parlons plus! Face à une dictature qui ne disait pas son nom, il n'y avait que le rêve d'épargné, mais si le rêve devenait réalité, pourrait-on garantir que nos martyrs voudraient nous revenir...? La pièce est à l'affiche ce soir et jusqu'à vendredi, au TNA.