En chair, et toujours très cher. Tahar Ouettar. Plus d'une année d'une rude convalescence, passée au pays de Navarre, le grand écrivain revient en terre natale, en conquérant, remis sur pied, même si quelques signes de fatigue subsistent encore sur sa vieille frimousse. Mais c'est sans compter sur la détermination d'un littérateur exceptionnel qui est venu dimanche dernier à la salle Atlas de Bab El Oued- sur invitation de l'Office national de la culture et de l'information (Onci) dans le cadre de son rendez-vous hebdomadaire ‘'Maw'id maâ El-Kalima'' (Rendez-vous avec la parole), parler de sa dernière œuvre romanesque : ‘'Qacidat Attadaloul', (poésie de la déambulation). Un roman dont une grande partie fut rédigée sur son lit d'hôpital. Peu dire, Aâmi Tahar ne s'est pas pour autant empêché de donner ici et là quelques bribes sur une prose qu'il place tel un projecteur sur une société infestée de tous les maux possibles : corruption, perversité, la déliquescence de la morale… avec pour fond de toile, l'espoir né d'une indépendance chèrement payée. « Mon souhait est que cette histoire demeure un témoignage d'une certaine manière sur le combat libérateur» explique-t-il benoitement. Connu pour sa langue- et sa plume surtout- l'auteur des ‘' Martyrs reviennent cette semaine'', dresse un état des lieux sans appel sur la situation, mais aussi et surtout, sur le rôle de l'intellectuel algérien. Sans ambages, il dénonce la confusion du genre entre les intellectuels et les politiques. Façon de dénoncer, les hommes de lettres ayant abandonné l'univers romanesques pour aller servir- et se servir- de la Reine Rente. « Mon rôle à moi est d'écrire. Et non de prétendre à une quelconque considération politique » insiste-t-il, en faisant remarquer l'apprêté des duels qui opposent aujourd'hui les écrivains et les politiques. A propos de son roman, édité par la romancière Zineb Laaouedj, Tahar Ouettar explique qu'il ne s'inscrit plus dans les histoires-fleuves aux interminables pages. «Nous vivons un monde qui court à tout allure, et dont la littérature est forcément influencée. C'est pourquoi, j'ai opté pour une histoire courte et digeste » poursuit le fondateur de l'illustre fondation littéraire El Djahdiya.