Des sources sûres affirment que l'émir national du GIA, a quitté Tamesguida. Depuis plusieurs jours, les forces combinées de l'ANP, appuyées par des Gardes communaux et des Patriotes, mènent des opérations de ratissage et de bouclage sur toute la chaîne de la Mitidja, depuis les montagnes de la Chiffa jusqu'à la forêt de Mouzaïa dans la wilaya de Blida. D'après des sources concordantes, ces opérations coordonnées entre les différents opérationnels des wilayas de Blida et Médéa sont menées après que des informations sûres eurent fait état de l'intention de Abou Tourab, émir national du Groupe islamique armé (GIA), d'organiser un congrès dans la forêt entre la Chiffa et Mouzaïa, cette forêt impénétrable qui n'a jamais été sécurisée par les forces de sécurité. Après une courte interruption, les raids et offensives antiterroristes de l'ANP se sont intensifiés dans le maquis de la Mitidja où l'on soupçonne, cette fois-ci, la présence de Abou Tourab. On croyait, en fait, que l'émir du GIA était encerclé dans les monts s'étendant de la Chiffa à Mouzaïa situés dans le coeur de la Mitidja, alors qu'il vient de débarquer, selon des sources dignes de foi, dans la partie Ouest surplombant la ville de Blida. Des sources sécuritaires affirment sur la foi de leur agent de liaison que Abou Tourab est «arrivé dans la nuit de samedi à dimanche, vers 22h, en compagnie d'une trentaine de sa garde prétorienne à bord de deux fourgons». Abou Tourab et sa garde, selon certains témoignages, seraient au pied du col de la Chiffa dominant un campement militaire. Selon d'autres informations recoupées, Abou Tourab et sa compagnie se sont dirigés, au cours de la même nuit, vers le douar Ouled Ali où, à l'exception de deux familles, tous les habitants ont dû, signale-t-on, déserter leur domicile ces dernières années pour échapper au diktat de l'islamisme. Des contingents de l'ANP, stationnés dans cette région, ont commencé à pilonner les forteresses de Abou Tourab (qu'on venait de signaler) dans la nuit de samedi à dimanche, vers 1 h. On est certain que «Abou Tourab est là-haut dans la montagne». Mais quelle stratégie appliquera-t-on pour l'avoir? La question embarrasse un officier engagé dans cette opération. En faisant une rétrospective des traques précédentes, il finira par reconnaître que ce chef sanguinaire a pu, à maintes reprises, échapper aux embuscades qui lui ont été tendues. Et quand on assiège une de ses forteresses, il envoie ses troupes commettre des attentats dans les villes environnantes pour faiblir la pression qui s'exerce sur lui et stopper l'avancée des soldats de l'ANP. Le bilan de telles opérations n'est pas encore connu, mais l'on peut conclure que celles-ci ciblent un ennemi voulant prouver qu'il est partout, profitant de la moindre baisse de vigilance pour frapper. Selon des révélations Abou Tourab s'apprêterait à recevoir dans la région un nouveau groupe d'au moins une cinquantaine d'éléments affiliés au GIA pour le réactiver en profitant de l'inaccessibilité des sites et de nombreuses casemates héritées de l'AIS. Selon nos sources, les membres de ce groupe sont très bien armés et ne sont même pas fichés par les services de sécurité qui trouvent du mal à réagir efficacement au regain de violence qui a gagné dernièrement les régions de Chlef, Médéa et Aïn Defla. D'autres sources parlent d'un groupe de commandos affiliés à Al-Qaîda dépêché pour aider le GIA à se restructurer et intensifier ses actions dans le pays, ce qui explique d'ailleurs l'élimination en septembre dernier d'un représentant d'Al-Qaîda, au cours d'une embuscade tendue par les forces de sécurité près de la localité de Merouana dans la wilaya de Batna. On les disait réduits à une quarantaine d'éléments errant dans les maquis de l'Atlas tellien, dans le centre du pays. On prétendait que la mort de leur émir national, Antar Zouabri, abattu par l'armée à Boufarik, le 8 février dernier, avait porté le coup de grâce à ces desperados de l'islamisme radical. On assurait que la guerre de succession provoquerait une hécatombe au sein de leur encadrement. Et voilà que l'on apprend que la succession de Zouabri a été réglée en quelques heures. Un communiqué daté du 12 février annonce le nom du nouveau patron des Groupes islamistes armés (GIA): Rachid Oukali, alias Abou Tourab. Ancien miltiant du Front islamique du salut, il dirigea, par le passé, la Brigade verte (Katiba el khedra), tristement célèbre dans les plaines de la Mitidja et du Haut Cheliff. Cette brigade s'était livrée aux pires massacres entre 1997 et 2000, jusqu'à ce que l'armée installe un nouveau dispositif de quadrillage dans les piémonts de l'Atlas blidéen. Réputé proche de son prédécesseur, Abou Tourab est, lui aussi, originaire de Boufarik, une ville située à une quarantaine de kilomètres à l'Ouest d'Alger. Incarnant la ligne dure des GIA, il a aussitôt donné le ton dans le communiqué qu'il a signé, le 12 février, pour annoncer sa nomination par le conseil consultatif (majliss echouri) élargi aux quatre lieutenants de Zouabri, prétendants à la succession.